Vendeur !

Sorti un peu de nulle part cette semaine, Vendeur a pourtant le droit a une bonne distribution dans les salles. En effet, il faut dire que le sujet est porteur...

Serge est un vendeur de grand talent. Il vend des cuisines à la pelle. Son fils Gerald galére avec son restaurant et lui demande de lui trouver un poste. Sauf que Serge ne pense pas qu'il soit fait pour ce métier....

Le métier de vendeur, c'est quelque chose de particulier et, en effet, tout le monde n'est pas fait pour ça. J'ai été commercial pendant 6 mois et j'ai voulu m'échapper par tous les moyens. Dés les formations, on vous appris la science de la manipulation, du mensonge (ils appellent ça de "l'omission" bien sûr) et à vous infiltrer dans la vie du client. Et c'est ce qui ressort de toute la premiére partie, tout ce travail puant (oui) effectué sur le "vendeur" pour que son client ressente un besoin d'acheter. "Le but est de lui faire comprendre qu'il en a besoin", c'est le maître mot.

Le plus pervers dans l'histoire, c'est que le client finit par entrer dans le jeu lui même avec le temps, en rentrant dans le cadre de ce qu'on attend de lui. Une des scéne du film voit ainsi Gerald conseiller un produit au meilleur rapport qualité/prix en expliquant que son choix actuelle n'est pas intéressant car plus cher pour rien. Réponse de la cliente : "Vous êtes en train de me dire que je suis conne ?". Le client ne veut pas être conseillé, il veut qu'on lui vende.

Si tout cela semble sans rapport avec le film, en fait ça en résume toute la preméire partie dans laquelle j’ai eu l’impression d’être Pio Marmaï. Il ne cherche pas à vendre mais à conseiller. Résultat : il ne cadre pas avec le décor et ça ne marche pas. Le film est conscient de tout ça, conscient qu’il n’est pas responsable en soi de ses mauvais résultats, tout comme il est conscient que son supérieur a lui aussi un supérieur à qui rendre des comptes. Une vision compléte et lucide du fonctionnement d’une société, ou tout d’une moins d’une grosse sociéte. Ce qui explose dans un final où c’est toute la cellule familiale qui est à deux doigts d’être brisés par ce travail. Une triste réalité.

Là où le film perd un peu en puissance, c’est quand il s’attarde sur quelques séquences justement purement familiale qui n’ont au finale pas d’impact sur le résultat finale. On se demande alors où il va aller et on le perd un peu. De plus, les acteurs ne sont pas toujours bon et quelques répliques tombent totalement à côté. Clairement, sans la lucidité du script et son traitement, le film aurait pû être raté à cause aussi de sa mise en scéne de téléfilm. Mais au final, on tient un film intéressant qui, espérons le, fera réagir non pas les vendeurs (pour certains, il ne faut pas espérer, pour d’autres, ils ne le resteront pas de toute façon) mais bien les acheteurs sur ce qu’ils attendent réellement d’un « conseiller commercial ». Car c’est bien là leur appellation officielle…