Revisionnage (dix ans après).


Nous sommes en 1985 et ça y est, Jason Voorhees est mort, massacré sans une once de vergogne par le petit Tommy à la fin de l'épisode précédent (el famoso Chapitre final, rappelez-vous). Mais les voies du dollar sont impénétrables et il convient désormais de relancer la machine, d'une manière ou d'une autre. Jason étant mort et enterré, c'est maintenant au jeune Tommy qu'il incombe d'assurer la transition. Et là repose le premier intérêt de cette suite : pour la première fois, un même personnage (autre que Jason) revient d'un film à l'autre (je ne compte pas Alice, qui ne revenait dans le second opus que pour se faire pic-à-glacer dans le prologue). Et du coup, pour la première fois en cinq films, on en a à peu près quelque chose à foutre de l'un des personnages. Le film se déroulant six ans après le précédent et le petit Corey Feldman n'ayant pas décidé de grandir plus vite que les autres enfants, le rôle est hélas redistribué au fadasse John Shepherd, mais malgré tout, le personnage (traumatisé et sujet à visions) existe à l'écran et son sort importe à peu près (comparé aux cinquante personnages interchangeables que l'on s'est fadés depuis le premier opus, s’entend).


Autre originalité de cet opus : le mystère autour de l’identité du tueur. Jason étant mort, se pose ici la question de savoir qui tue ces braves gens. Un Jason ressuscité, comme le laisse imaginer le cauchemar qui ouvre le film ? Ou bien un admirateur/imposteur profitant de la figure du boogeyman pour se couvrir ? Et dans ce cas, lequel des personnages cela peut-il bien être (parce que l’on se doute bien que ce sera l’un des persos du film) ? On en vient donc à suspecter différents personnages (jusqu’à Tommy lui-même ?). Et ça, c’est assez inédit dans la franchise : pour la première fois, un Vendredi 13 tente autre chose que le simple slasher-et-puis-rien-d’autre. On plonge un personnage dont on a quelque chose à faire dans un milieu (un centre d’accueil pour débiles) au sein duquel n’importe qui peut être le tueur. Alors ça n’arrive certes pas à la cheville d’un Scream (auquel ça m’a forcément fait penser, entre autres choses) mais ça présente toujours plus d’intérêt qu’un Vendredi 13 « traditionnel ». Pour une fois, je me sentais un minimum concerné par ce qui se passait à l’écran.


Dommage que le film soit plombé par certains défauts assez impardonnables, avec en premier lieu, cette timidité dans la violence graphique. Alors paraît-il que le film ait été lourdement censuré (comme ses prédécesseurs ?), mais force est de constater qu’il est super crevard à ce niveau-là. La franchise commençait gentiment à se décomplexer là-dessus jusque-là, et voilà que ce cinquième opus fait marche arrière et nous propose des mises à morts toutes nulles et pas généreuses pour un sou – damn ! Une conséquence de l’absence de Tom Savini ? Je ne sais pas, mais le résultat est frustrant. Surtout que le film se défausse (logiquement) aussi sur la seconde attraction de cette franchise : la nouvelle-gueule-sous-le-masque épisodique de Jason. Pas de ça ici. Un gimmick amusant auquel on avait commencé à s’habituer et dont on doit ici se passer. Forcément frustrant.
Enfin, si les personnages principaux sont tolérables (le petit Noir en tête), le film a la mauvaise idée de nous imposer la présence d’un duo mère-fils (certainement frère et sœur aussi) de bouseux, joués de manière complètement outrés et donc absolument insupportables. Genre autant que le petit gros du 3. Insupportables. En ce qui me concerne, des persos comme ça, quel que soit le film, c’est éliminatoire.


Et élimination il y aura. Ce Vendredi 13, chapitre V : Une nouvelle terreur marquera la fin de la carrière de son réalisateur Danny Steinmann, visiblement lessivé par une production tumultueuse. Le film, lui, alors qu’il était censé amorcer une trilogie de films avec de nouveaux tueurs, sera une déception commerciale et critique qui poussera les cerveaux derrière la licence à déterrer Jason Voorhees une bonne fois pour toute et à plonger la franchise dans le fantastique avec un sixième épisode au titre évocateur : Jason le mort-vivant. Les choses sérieuses commencent et on va se marrer.

ServalReturns
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le 18 avr. 2020

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