Vice-versa
7.5
Vice-versa

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Ronnie del Carmen (2015)

Un petit peu de tristesse dans notre vie, ça peut faire du bien aussi.

Bon, je vous préviens, cette critique va être une grosse partie de 3615 Ma Life qui n'intéressera sûrement pas beaucoup de gens, mais devant l'ampleur des émotions que vient de me procurer le dernier né des studios Pixar, l'envie d'écrire m'est venue aussi simplement que la joie qui m'est restée après être sorti de salle.


Depuis peu, ma vie est en proie à de gros changements qui me rendent dans une situation assez instable : déménagement, changement d'école, recherche d'alternance, rentrée prochaine dans la vie active... Tous ces changements viennent avec de nouvelles libertés et possibilités,certes, mais viennent aussi avec elles de nouvelles responsabilités et remises en question. Aujourd'hui, j'ai déjà eu le temps de faire un peu d'ordre dans mes idées et même si ce que je ferais dans quelques mois flotte toujours dans un amas d'incertitudes totales, les choses se clarifient peu à peu et prennent forme. Mais avant cela, il a fallu que je passe par une période loin d'être marrante de laquelle j'y ai tiré d'horribles expériences émotionnelles : une sacrée dépression. Bon, bien entendu, cette dépression n'est pas seulement due à tous ces changements, loin de là et les gens qui me connaissent savent quelle est la principale raison à ce que j'ai parcouru pendant un mois cette année, mais toujours est-il que le visionnage de Vice-Versa et du parcours de la petite Riley m'a ré-évoqué des souvenirs de cette période, aussi bien les plus douloureux que ceux m'ayant permis d'en sortir.


C'est là qu'on approche de ce qui m'a touché dans le film, il évoque des thématiques qui me parlent en ce moment en s'adressant à ce qui nous définie en tant qu'êtres-vivants : nos émotions. Le coup de génie de Pixar aura été d'exploiter à fond le concept déjà balbutié par François Perusse dans son Cortex Academy en mettant en scène les émotions d'un même personnage dans une période de transition de sa vie. Et même si tout n'est qu'un prétexte à suivre les aventures de personnages désirant à tout prix aller d'un point A à un point B, tout cela est merveilleusement fait et le comportement de Riley reste cohérent malgré les évènements complètement dingues que vivent ses émotions !


A partir de là, le film arrive à évoquer des thèmes nous parlant tous : la famille, la solitude, le changement, la résolution, l'amitié etc... Alors bien sûr, tout cela peut paraître surfait (et ça l'est), mais croyez-le ou non, devant l'histoire de cette jeune fille ayant du mal à accepter les changements autour d'elle, j'y ai vu un peu de moi. J'y ai vu la larve que j'étais il y a encore quelques semaines, agglutiné sur soi à se morfondre, à se demander si il ne ferait pas mieux de tout arrêter, se demandant si les efforts fournis jusque là n'étaient pas en vains, un véritable tunnel dont je n'arrivais pas à voir le bout. Pour sortir de ce trou, j'ai pu compter sur le précieux soutien de ma famille qui même si ils ne pouvaient pas faire grand chose pour moi d'un point de vue professionnel m'ont aidé du mieux qu'ils pouvaient émotionnellement. J'ai tenu des conversations que je n'ai jamais eu jusque là et ai créé de nouveaux liens avec eux alors que la vie m'en éloigne de plus en plus.


Bizarrement, cette période de dépression m'a permis d'avancer dans la vie, ça a été une expérience douloureuse mais ô combien enrichissante qui m'a rendu plus fort ! Et ce dont je me suis rendu compte en regardant Vice-Versa aujourd'hui, c'est que de ce dégoût, cette colère, cette peur, cette tristesse que j'ai éprouvé pendant un mois ont été tout autant d'étapes nécessaires à ma construction aussi blessants peuvent-ils être. Que de ces expériences ressortent quand même les moments de joies et même si certains n'arrivent pas se défaire de ces émotions quand viennent leurs derniers instants, de mon côté, ils me donnent envie de profiter de la vie et des belles choses qu'elle peut offrir quand bien même il faut passer par de mauvais moments ou renoncer aux choses que l'on a aimé qui nous rendus joyeux.


C'est les larmes aux yeux et la tête remplie de ces expériences et de ces leçons que j'ai regardé Vice-Versa aujourd'hui et c'est les larmes aux yeux que j'écris en ce moment cette critique. Bien sûr, ce film ne parlera à tous, comme je vous l'ai dit plus haut, ce film m'évoque des expériences récentes desquelles j'ai vécu des émotions que je n'oublierais jamais. Maintenant, si il est une chose que ce film me donne envie de faire, c'est prendre davantage goût à la vie et à ce qu'elle peut offrir. Certes, elle est loin d'être tendre, elle nous en fait baver souvent, mais peut nous offrir tellement de belles choses à côté qu'après tout, ne vaut-elle pas le coup d'être vécue ?

Shueisha
9
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le 8 juil. 2015

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Pierre

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