Merci Martin Provost !
Merci de m'avoir fait faire la connaissance de Violette.
De même que vous m'aviez, il y a quelques années présenté la divine Séraphine (Grande Yolande Moreau) là vous avez dressé le portrait d'une auteure féministe avant l'heure, souffrant d'un manque d'amour de soi, d'amour tout court.
La scène au cours de laquelle elle cherche à provoquer le désir d'Olivier Gourmet, désespéré de ne pas être capable d'y répondre est à ce titre exemplaire.
Quelle judicieuse idée d'avoir demandé à Emmanuelle Devos de lui prêter ses traits.
En blonde, avec un nez augmenté d'une prothèse, sa voix enfantine qui montre qu'elle n'est jamais devenue femme, qu'elle reste attachée à sa mère, cette femme qui n'a jamais voulu d'elle, elle se montre à la hauteur du défi.. Et là est son drame ! Ne jamais avoir été désirée par personne.
Le casting fonctionne bien et Sandrine Kiberlain campe une Simone de Beauvoir plus que convaincante.
La psychologie de cette femme complexe est extrêmement bien disséquée, sa lutte pour être enfin reconnue. Reconnue par Simone d'abord, par sa mère ensuite et par le reste du monde enfin.
Le lien qui se noue entre les deux femmes de lettres est fait d'amour, admiration, répulsion, fascination.
On suit les difficultés de l'une à travers les succès de l'autre.
Je ne sais pas dans quelle mesure ce sont ses phrases exactes mais celle que dit Simone de Beauvoir au personnage interprété par Olivier Gourmet lorsque Violette est hospitalisée est révélatrice : Il n'y a pas d'amitié possible avec Violette, je ne fais ça que par devoir.
Comme dans Séraphine on voit Violette qui marche !
Elle marche vers son destin.
Comme dans Séraphine vous montrez que le destin artistique est un chemin de combat continuel qui mène jusqu'à la folie.
Là où vous m'avez moins convaincue M. Provost c'est quand vous imposez une construction quasi linéaire (quelques flash backs mis à part) construite en chapitre pour symboliser aussi artificiellement qu'inutilement le monde du livre.
Votre mise en scène offre de jolis plans, des paysages bien filmés mais quel classicisme bon sang !
Quel manque d'inventivité pour illustrer le destin si hors normes de cette femme.

Reste que vous m'avez donné envie de lire la prose de Violette et c'est le plus bel hommage que vous pouviez lui rendre.
Rawi
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le 4 déc. 2013

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