Ce film confirme que plus tard je préfèrerai avoir un fils qu'une fille...
Bon je ne suis pas encore concerné mais c'est la vérité. Virgin Suicides avec 5 mecs ça aurait été un tout autre film. Et puis 5 bonshommes cloitrés dans une baraque ça aurait rapidement senti le fauve. Et puis ça aurait été le bordel. Sans oublier que si l'un d'eux découchait le soir du bal de promo on (je?) aurait eu tendance à le chambrer/sermonner d'un ton paternel bienveillant plutôt que de le punir sévèrement. Enfin bref, le fait est que ce film traite du suicide de cinq soeurs et qu'on suit cette histoire depuis la tentative avortée de la benjamine jusqu'à la macabre conclusion. Non, je ne spoile rien dans la mesure où la première phrase du narrateur est "Cécilia was the first to go" et qu'il y a un "s" à "suicide". Le hic c'est qu'on connaît donc la fin dès le début et pour ma part, ayant une aversion viscérale pour le spoiler, c'est typiquement le genre de postulat qui me pose problème.
Libéré de l'étreinte du scénario, j'ai pu focaliser mon attention sur la réalisation du film qui a révélé Sofia Coppola en tant que réalisatrice. C'est d'ailleurs le premier film d'elle que je visionne et je vais vous le dire tout de suite; j'ai bien envie d'en voir d'autres et notamment Lost in Translation. Donc qu'est-ce que j'ai pensé de ce film ? Eh bien déjà il jouit d'une atmosphère des plus attrayantes. Attrayante car elle mélange habilement des moments de tension et de drame avec d'autres plus légers et décalés. Je m'explique. Après le suicide de Cécilia, on voit la famille dévastée mais à travers les commérages des voisines qui les épient version "Desperate Housewives". Ce genre de procédé sera plusieurs fois utilisé et j'ai trouvé ça original et appréciable. Tout comme j'ai apprécié les commentaires du narrateur tenus post trame scénaristique ou les flashforwards de certains protagonistes.
D'ailleurs en parlant des personnages, le casting est une pure réussite. Au niveau des soeurs, Kristen Dunst tire toute la couverture à elle et elle le vaut bien même si les quatre autres ne déméritent pas. Josh Hartnett qui d'habitude m'insupporte au plus haut point campe ici un bellâtre star du lycée convaincant et James Woods, le père des cinq filles, nous gratifie d'un personnage tout en nuance mais incroyablement attachant et sympathique (et ce même s'il me rappelle un peu Nelson Monfort*...). C'est donc avec plaisir qu'on suit tous ces personnages. Et heureusement qu'on y prend du plaisir car pour ma part j'ai eu beaucoup plus de mal avec le rythme et la structure narrative. Une fois le film fini, j'ai ressenti un sentiment de vacuité. En 1h30, Sofia Coppola n'a finalement pas montré grand chose.
Alors OK elle raconte son film comme elle l'entend en le saupoudrant d'effets de style (que j'ai trouvés) sympathiques mais dans la mesure où dès le départ on nous révèle le final, l'intérêt décroit. Je ne me suis pas ennuyé mais force est d'admettre que je n'ai pas été happé. Et le final aussi tragique soit-il ne m'a pas marqué à la hauteur de l'impact qu'il aurait pu susciter s'il était survenu "de nulle part". C'est un peu frustrant car j'aurais aimé être plus élogieux à propos de ce film. Au lieu de le considérer comme un excellent film, je me contenterais de le recommander en tant que bon petit film. Mais l'arrière gout d'inachevé ne me quitte pas et je trouve ça dommage. Mais je pense que c'est un film à voir donc si vous en avez l'occasion,saisissez la.
* Vous ne trouvez pas ?
http://ewpopwatch.files.wordpress.com/2005/08/145058__woods_l.jpg
http://www.lepoint.fr/images/2011/03/01/nelson-monfort-263135-jpg_151832.JPG
(En tout cas James Woods est moins insupportable, là dessus au moins on sera normalement d'accord)