Ce film est grand, parce qu'il aborde, outre bien sûr l'emprise quasi indolore, parfaitement pernicieuse, de l'infirmière Ratched, qui infantilise et rabaisse ses patients sous couvert de la maternité prétendue de la soignante ; mais, plus que cela, plus que le liberticide silencieux, plus que les pratiques et traitements abominables, ce film traite d'un hôpital psychiatrique, de ce qui peut s'y passer, des hommes qu'on y trouve, leurs problèmes mentaux qui font d'eux, contrairement à ce que l'on pourrait penser, des personnages hauts en couleur. Le patient n'est pas ramené à une sorte d'être bestial, quoiqu'il puisse en avoir les traits à certains moments : c'est un film touchant parce qu'il lève le voile sur les préjugés que nous pourrions avoir sur les personnes atteintes de maladies mentales, préjugés que nous avons tous, d'une manière ou d'une autre. Un homme aliéné reste un homme, et c'est pour ça que se bat le non moins fou McMurphy, face à une Ratched qui soumet les patients à l'étiquette des "attardés". Un film qui, à un degré plus ou moins élevé selon les personnes, nous fait méditer sur notre propre folie.
Du reste, le casting est un régal, c'est le premier succès de carrière balbutiante d'acteurs talentueux : Nicholson, Dourif, DeVito, Lloyd... Quant au doublage, il est impeccable, avec les prestations génialissimes de Jean-Pierre Moulin et du regretté Philippe Dumat.