Difficile de critiquer un tel film. Voilà quelques années que je voulais le voir, par tropisme familial surtout. Et ce soir, je me suis lancé.


Difficile d'être objectif. Je suis un grand amateur du jeu de Christopher Walken et de Robert de Niro. Alors, lorsque les deux se rencontrent et se côtoient pendant 3 heures de films, je ne pouvais être qu'aux anges. Et c'est dire, lorsque leur prestation est presque éclipsée par celles de John Savage et John Cazale, dans des seconds rôles si marquants de victimes malgré eux d'une société qu'ils subissent. Difficile d'être objectif, d'autant plus que c'est le film culte de mon paternel, celui qui a forgé ma cinéphilie en grande partie, et qui m'en a parlé depuis des années.


Difficile de ne pas être sensible à ce film et de ne pas fondre en larme à la fin, forcé de constater combien de vies, de destins, de familles et d'amitiés la guerre a brisé. Peu de films ont si bien parler de la guerre, de son impact sur la vie quotidienne de ceux qu'elle entraîne dans sa folie, tout en la montrant aussi peu, finalement, pendant le métrage.


Difficile, quand on a 25 ans, ou presque, de ne pas d'identifier aux personnages de ce film. Car c'est aussi une histoire de passage à l'âge adulte, même si elle est si terrible et soudaine. Sur ce sujet tout se fait en une phrase dans le dernier du film, dans ce bar où avant le départ pour le Viet Nâm, il se mettaient la tête à l'envers. "I'll make some coffee". Cette phrase, elle représente le deuil, la mélancolie et l'abandon de l'innocence.


Difficile, ensuite, de ne pas considérer ce film comme un chef d'oeuvre. Il montre la petitesse de l'homme face au monde, la futilité des moments d'euphorie face au pathos et à la fatalité. D'un point de vue cinématographique, son découpage (surtout sa première partie, avec ce pont, qui est la porte d'entrée de la maison, du microcosme pennsylvanien des personnages) est extraordinaire, tout en écho et en symbolisme. La scène euphorique de mariage, désordonnée et hypnotisante est exceptionnelle et représente tout le génie de la mise en scène de Cimino (la scène de danse ouvrant la Porte du Paradis, confirme ce génie).


Difficile, enfin, de ne pas finir ce film au bout du rouleau, éreinté et mélancolique, tant on s'est attaché à ses protagonistes et tant on se lamente de leur destin. Car ce film est politique. Il dénonce l'abandon de l'état de ses territoires les plus reculés, et l'utilisation de ses habitants en chair à canon bon marché. Il est le film anti-militariste par excellence.


Difficile de ne pas trouver ce film immense

Créée

le 31 août 2020

Critique lue 93 fois

1 j'aime

Agregturp

Écrit par

Critique lue 93 fois

1

D'autres avis sur Voyage au bout de l'enfer

Voyage au bout de l'enfer
guyness
9

My dear hunter

Avec voyage au bout de l'enfer, l'occasion nous est d'emblée offerte de revenir sur le désastre que peut constituer un titre français par rapport a l'original (désastre qui peut s'appliquer aux...

le 10 mars 2011

154 j'aime

8

Voyage au bout de l'enfer
Gand-Alf
10

One bullet.

Loin de moi l'idée de jouer les nostalgiques du dimanche et les vieux cons mais il faut bien avouer qu'à une certaine époque, le cinéma avait une sacrée gueule. Il n'était pas parfait, loin de là, et...

le 26 mai 2014

115 j'aime

6

Voyage au bout de l'enfer
Kobayashhi
9

Les jeux sont faits. Rien ne va plus !

Voir The Deer Hunter des années après au cinéma, c'est une expérience à vivre, c'est se rendre compte encore davantage des formidables qualités de ce récit inoubliable qui forme un tout. Un film de...

le 9 oct. 2013

83 j'aime

12

Du même critique

Adieu les cons
Agregturp
8

Les Choses de la Vie

Je ne pleure que très rarement devant un film. J'ai beau être quelqu'un d'émotif, presque à fleur de peau, mais le cinéma, malgré toutes les émotions qu'il parvient à me procurer, a toujours échoué à...

le 6 avr. 2021

6 j'aime

2

Don't Look Up - Déni cosmique
Agregturp
9

2020s in a nutshell

Satire égratignant son époque, la nôtre, la mienne (j'ai 25 ans, en cette toute fin Décembre 2021) à la quasi-perfection, Adam McKay réussi, dans Don't Look Up, un film total, drôle et mélancolique,...

le 29 déc. 2021

5 j'aime

2

Cloud Atlas
Agregturp
8

Adapter le roman inadaptable qui m'a forgé

Remontons en arrière. J'ai 15 ans, je suis en première, et avec ma meilleure amie, Pauline, nous regardons en boucle cette bande annonce de 6 minutes, hypnotisante et mélancolique, mêlant à des...

le 14 juil. 2021

5 j'aime

2