Voyage vers la Lune
5.8
Voyage vers la Lune

Long-métrage d'animation de Glen Keane et John Kahrs (2020)

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Si Netflix pouvait avoir du répondant côté animation, notamment avec un « Klaus » sensiblement convaincant, ce ne sera pas le cas avec cette dernière trouvaille, car oui, il sera difficile de croire en son potentiel novateur. La présence de vétérans du département de l’animation chez Disney-Pixar, Glen Keane et John Kahrs, à la réalisation ne concède pas non plus la meilleure des garantit, malgré une formule gagnante du côté de chez « Raiponce ». Tout ce que l’on en tirera d’eux sera dans leur corps de métier, malgré le terrain de jeu qu’offre la scénariste Audrey Wells, à qui on dédie le voyage lunaire. Sans prétendre à personnaliser l’œuvre, celle-ci troque toute sa sève, s’il lui en reste encore, contre un mélange brouillon et bruyant d’un conte merveilleux. Celui-ci ne réclame que tendresse et lyrisme, chose que l’on confond trop souvent avec un faux rythme d’aventure ou des personnages hyperactifs et délaissés dans leur propre imaginaire d’enfant.


Tout commence par une légende, celle de Chang’E, fondée sur le deuil de la déesse de la lune. Bien que cela dérive courtoisement vers une romance édulcorée, il n’en est rien, car cette dernière portera la même croix douloureuse que la petite Fei Fei (Cathy Ang), pour qui le mythe définit toute une enfance bercée par sa mère. Il en résulte une quête initiatique, où les sentiments du fan de science l’emmèneront loin de sa famille, ou presque, et au plus proche de ses ambitions. La lune constitue bien la convoitise de tous les aventuriers spatiaux dans un premier temps, mais ce cap est rapidement dépassé pour laisser place au délire enchanté des réalisateurs. Tout va extrêmement vite et la course se ressent, malgré quelques inspirations chantées, qui ne décolleront jamais assez pour s’absoudre de la gravité. Un éventuel demi-frère débarque avec furtivité, avant d’être surclassé par nos petits animaux de compagnie, trop mignons et trop fonctionnelle pour justifier la solidité de leur présence, si ce n’est pour les perdre dans une nébuleuse colorée et aléatoire. Chin (Robert G. Chiu) a pourtant quelques atouts dans sa manche afin de catalyser le parcours mélancolique de Fei Fei, mais il s’avérera aussi éphémère que le chagrin que l’on tente d’étudier.


Ce qui, en contrepartie, devrait satisfaire les plus jeunes ne doit pas être amputé d’une thématique plus mature que jamais et qui doit être accessible à ce public en âge de mieux appréhender cette peine. Sur la fin d’une année 2020 peu séduisante, y compris aujourd’hui, ce film ne trouve pas le meilleur des échos, bien qu’il assume son statut d’aventure au sens propre. Mais ce qui doit être de passage doit pouvoir trouver la force de nous ramener vers un délicieux mooncake, dont la saveur restera derrière notre petite vitrine. Et il en va de tout ce qui aura été générer dans un récit, où tout est convenu et attendu. Il faudra espérer s’accrocher d’ici les dernières minutes aux côtés de la déesse Chang’E (Phillipa Soo), pour enfin capter une once d’émotions, celles qui réconfortent, celles où il est d’usage d’aller s’y réfugier pour enfin réémerger dans la réalité. Les chansons traditionnelles, en passant par la techno hip-hop, sont pour la plupart anecdotiques, voire oubliables, et nous renvoie sur les bases d’un « Magicien d’Oz », truquées jusqu’à la moelle.


Outre l’animation de bonne facture, mais souvent limitée, « Over The Moon » (Voyage vers la lune) s’accommode davantage sur ses références directes, au lieu de prétendre à l’épanouissement de la magie qu’il cherche à apprivoiser, en vain. Et bien que la déchirure émotionnelle chez Fei Fei manque de justesse, elle gagne tout de même quelques points, dès lors que l’on accepte de ralentir, le temps de ressentir et de contempler ce qu’il reste à préserver. Le message est évidemment loin d’être subtil est c’est sans doute nécessaire dans certaines mesures, où de nombreux détours pourraient affaiblir le propos. Dommage que le film s’arrête à la caricature de ce qui l’envie tant et qu’il n’atteindra sans doute pas, s’il continue de façonner ses désirs sur la base d’un cahier des charges aussi lisible et en manque de nuances.

Cinememories
5
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le 17 mars 2021

Critique lue 160 fois

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