Soumise et insoumise. Battante et fragile. Du pareil au même... Dans ce film qui fait s'entrechoquer les contradictions... D'une société qui peine à libérer la femme de l'emprise de la phallocratie, au foyer comme à l'extérieur. Wanda ose, Wanda se rebelle, Wanda s'émancipe, ou du moins y croit dur comme fer.
Du féminisme, on n'en voit que peu, ou alors sous une forme jusqu'au-boutiste. De celui qu'on exerçait après 68, pour le pire, en somme. Wanda est un énergumène, un phénomène, un « bonhomme » (dixit les sous-titrages du DVD), car Wanda n'en fait qu'à sa tête, voguant au gré des flots, sans perspective d'avenir. Une punk du sexe, de l'aventure au jour le jour, à griller les hommes comme elles s'enfilent les cigarettes.
L'éclat remarquable du film tient principalement dans la manière discrète et sobre de filmer la dérive d'une femme qui n'a pour seule estime d'elle-même que le doux visage qu'elle veut bien laisser paraître avec quelques fanfreluches d'hygiène de convenance. Les situations impromptues, se ramassant à la pelle, se suivent et ne se ressemblent pas. Un road-trip cyclique, parcouru de péripéties, est valorisé par le détachement de la caméra qui en dit pourtant long sur la psychologie embrumée du personnage. Solennellement, le film dresse des pans d'une vie amochée, triste et finalement assez stérile. La fertilité mise au placard par Wanda, il ne reste plus que son corps sans vie, vide, zombifié. Pas de musique, ce serait trop d'émotions, trop de vie. Juste une femme, avec ses histoires, d'amours, d'emmerdes, de tracas du quotidien, à la traîne.
A voir aujourd'hui, Wanda est bon, même si l'on y reconnaît tous ses descendants ; de ceux qui ont choisi de filmer les malheurs de la condition humaine sous sa forme la plus animale et « naturelle ». Pour ce qu'il représentait à l'époque pour la libération de la femme en contrepied du monopole d'une société américaine un brin trop conservatrice, il est exemplaire. En définitive, il s'apprécie non pas pour le spectacle, quasi-inexistant, mais pour retrouver la saveur d'une époque (le film date des années 70, faut-il le rappeler), autant dans le grain de l'image que dans les mœurs des types à peine loufoques dépeints à l'écran.