Ludique, Wedding Nightmare l’est à plus d’un titre. Par ses acteurs qui s’en donnent ici à cœur joie ; mention spéciale à Nicky Guadagni en sorcière folledingue. Par son histoire qui, d’emblée, brosse le portrait cynique d’une aristocratie décadente soucieuse d’assurer sa longévité en sacrifiant une mariée issue de classe sociale inférieure ; en ce sens, le film reproduit un schéma inauguré avec Get Out, à savoir l’horreur sur fond de conflit social. Il suffit de voir Grace sur les marches du manoir en feu, une clope au bec, lancer « ma belle-famille », pour comprendre le traitement hautement burlesque d’un thème quant à lui sérieux, quoique bien plus creux que la dénonciation du racisme inhérente à l’œuvre de Jordan Peele.
Car il faut bien le dire, la charge antiaristocratique ne suscite que peu d’intérêt, semble davantage prétexte à l’enchaînement de scènes de chasse qu’à une véritable réflexion menée en souterrain. L’humour circule également par le biais de dialogues assez lourds mais parfois réjouissants ; certaines idées quant à la caractérisation des personnages méritent le coup d’œil, à commencer par ce beau-frère qui apprend à se servir d’une arbalète grâce à un tutoriel trouvé sur Youtube. Le quiproquo dans les exécutions participe, lui aussi, à l’élaboration d’une atmosphère à la fois tendue et décontractée, parfaite pour incarner à l’écran l’idée de jeu.
Le principal souci de Wedding Nightmare, c’est de se contenter de son pitch de base sans chercher à faire de sa mise en scène un levier horrifique – ou plus largement dramatique – à part entière : les plans sont assez laids, le cadrage hasardeux, le montage trop rapide et impersonnel pour définir une quelconque patte artistique. Non, ce qu’il manque vraiment au film, au-delà d’un propos de fond cohérent, c’est une vision de l’épouvante burlesque à la Sam Raimi. Nous avons l’impression d’assister à une synthèse rigolote, mais sans âme, d’American Nightmare et de Get Out. D’autant que l’univers du mariage n’est guère exploité, se limite à du décorum plutôt banal au demeurant. Sympathique mais dispensable.