Inspiré de l'affaire DSK (2011), "Welcome to New York" retrace, en fiction, l'intime de l'ancien directeur général du Fond Monétaire International. Sorti directement sur internet pour éviter les ravages de la censure, "Welcome to..." a également été à l'honneur à Cannes durant sa 67ème édition : il aura été présenté hors-compétition et a ainsi participé au buzz médiatique voulu par les producteurs, le réalisateur de "Bad lieutenant", et Gérard Depardieu. Ce film de 2014 nous montre allégrement la maladie dont souffrait Dominque Strauss-Kahn. Et ici, comme tout le monde connaît l'histoire, on la met de côté pour nous infliger un docu-fiction alambiqué comme un biopic sur une période donnée. Fausse bonne idée. A tout moment, même si les flashbacks de la seconde partie maintiennent le film à flot, la continuité du scénario est altérée par des rebondissements dont on connaît la suite. Le début est quant à lui une débauche d'orgies, de s*** et de vulgarité déplorables. "Welcome to New York" met à nu un homme d'affaire qui, procès aidant, avait tout pour plaire au peuple français. L'ogre Depardieu apporte toute la démesure de son talent et parvient deux heures durant à nous faire vivre sa déchéance et sa décadence, même sans grands dialogues. Son jeu, balsamique au possible, éléphantesque et tout bonnement grossier nous aide à rester dans la peau de son personnage, horriblement dégoûtant. Qui d'autre que Depardieu aurait pu jouer comme cela ? Personne. A ses côtés, le rôle fictif d'Anne Sinclair est interprété par une Jacqueline Bisset charismatique, encore au top de sa forme 45 ans après avoir tourné aux côtés d'un autre séducteur : Steve McQueen ("Bullitt"). Bravo Madame Bisset ! De plus, Abel Ferrara renforce l'idée d'un docu-fiction filmé sans fioritures par l'absence totale de musique entre les deux génériques. Très bon point Abel ! En revanche, le film ne respire pas, il n'y a pas de rythme, pas d'ambiance dans ce petit huis-clos solitaire qui ne vaut le coup que pour le couple Depardieu-Bisset. Abel Ferrara oublie sans doute de monter son film comme ses grands ("The King of N.Y.", "Nos funérailles", "Bad lieutenant") mettant plutôt en avant une mise en scène des plus bâclées. En cela, il ressort une impression d'ennui et de se faire rouler dans la farine par, paraît-il, l'un des plus talentueux metteurs en scène des 90's. Étonnant, non ? En tout cas, même pour le coup d’œil, ce pseudo-téléfilm ne vaut que pour la roublardise du duo Gégé-Bisset aussi prometteur qu'intéressant. Il s'agit ici de mon premier Abel Ferrara et ce ne sera pas le dernier. Spectateurs, connaissez vous l'ivresse du pouvoir ? Interdit aux moins de 18 ans.