---Bonjour voyageur égaré. Cette critique fait partie d'une série. Tu es ici au treizième chapitre. Je tiens à jour l'ordre et l'avancée de cette étrange saga ici :
https://www.senscritique.com/liste/Beauty_of_the_Beast/1620017#page-1/
Si tu n'en a rien a faire et que tu veux juste la critique, tu peux lire, mais certains passages te sembleront obscurs. Je m'en excuse d'avance. Bonne soirée. --


Ils ne sont pas revenus. Cette bande de lâche n’est pas revenue ! Ça me rend ivre de rage. Ils vont goûter ma colère. Ces jeunes loups ne savent pas à qui ils se confrontent.
Je suis rentrée chez moi d’une humeur noir. La chasse avait été bonne finalement, mais solitaire, encore une fois. Je n’ai trouvé aucun moyen de retrouver Lycaon et les seuls retours que j’ai de mes amis outre-atlantiques sont négatifs : Aucune trace de lui. Comme au début du mois, je n’ai plus d’autre solution que de noyer mon chagrin dans l’oubli, de soigner ma solitude par la fiction. Malheureusement la naïveté des débuts a été terrassée par une vague de mauvais films, et je me rend compte que je ne regarde plus mes films qu’en me forçant. Ça ne va pas du tout. Sortons des années 80, ça semble devenir impératif. Puis allons chercher dans le sensationnel. J’ai déjà vu Michele Pfeiffer ce mois-ci, elle se défend bien. C’est un bon début. Jack Nicholson ferait un loup-garou formidable, il en était déjà métaphoriquement un dans Shinning. Bien. Il nous manque un ingrédient. Et si on mettait Enio Morricone à la musique ? Oui. Comme ça c’est parfait. Et il se trouve que le film existe, et qu’il a le titre le plus sobre du mois, concis et droit au but : Wolf.


*Wolf*… Alors *Wolf*, c’est un concentré de bonnes idées bien réalisées, mais qui donne un ensemble finalement un peu bancal. Je m’explique : je vais détailler plus tard toutes les formidables choses que propose le film et qui me rendent fort jouasse, mais après coup, le film me laissait un sentiment de chevauchement difficilement explicable. Il y a sa vie d’humain et il y a sa vie de loup-garou. Et même si sur le papier ça colle, avec plein de pont entre les deux mondes, il n’en reste pas moins un effet de film deux-en-un. Peut-être parce que la fin voit le triomphe d’une de ces deux moitiés, mettant l’autre totalement à l’écart et sans résolution. C’est dommage. Parce que finalement la partie humaine passait vraiment bien, intrigue intéressante et compliquée juste ce qu’il faut, et elle bénéficiait d’un développement inattendu avec le coté loup-garou qui matchait bien (dans ce sens du moins) et qui était assez inédit. Mais c’est l’autre moitié qui pêchait, en arrivant toujours comme un cheveux dans la soupe, et je passais mon temps pendant ces séquences à attendre que ça passe, curieuse que j’étais de connaître l’avancement de l’autre histoire. L’histoire loup-garou a beaucoup moins de passerelles avec la première, et celles-ci sonnent artificiellement. Est-ce qu’une bête s’empare réellement de lui et il devient incontrôlable, ou est-ce que finalement il reste parfaitement lucide et c’est pour ça qu’il tue qui il veut ? Parce que si c’est la première option qu’on nous suggère, c’est quand même un sacré coup de bol de toujours faire bonne pioche dans les meurtres commis, non ? En plus leurs nuits américaines sont toutes foirées et on régresse encore plus dans la représentation du loup-garou : cette fois-ci on s’emmerde plus ni a maquiller l’acteur ni a faire venir un loup sur le plateau : on lui colle juste des rouflaquettes et hop là ! c’est réglé, il a l’air velu et effrayant. Eh, c’est pas sympa pour les types qui ont des rouflaquettes. 
Mais alors, effectivement, il y a un paradoxe : je regarde le film dans le cadre du mois-loup-garou, j’ai été particulièrement attentive au traitement donné à ladite créature tout au long du mois, je viens de dire que la moitié loup-garou du film ne me satisfait pas et j’ai quand même aimé le film ? Eh bien oui. Et il n’y a pas de paradoxe la dedans. Je n’ai pas aimé les scènes ou on nous montre brutalement un loup-garou, bardé de tous ses clichés, aller se balader en ville pour croquer dans les gens (d’ailleurs il va falloir que les scénariste comprenne que les fines bouches c’est les vampires, nous quand on commence un repas, on finis notre assiette). Soit, mais ça ne m’empêche pas d’aimer d’une manière plus large la façon dont le film traite la légende et son personnage (et non pas son monstre, la subtilité est là). Pour la première fois on passe au-delà de la dichotomie personnage victime / monstres. Jack Nicholson n’est ni l’un ni l’autre, il est entre les deux. Au-delà de la malédiction, devenir un homme loup lui change la vie : il entend mieux, il voit mieux. Certes c’est bien, mais ce qui est formidable, c’est que ces nouvelles caractéristiques vont impacter directement son quotidien. En mal dans les faits, mais en bien dans le fond, puisqu’il ne fait que sortir de son ignorance. Le fait d’être la victime d’un loup-garou lui fait arrêter d’être une victime tout court. Ce qui va le conduire à se positionner face à sa condition et à choisir : est ce qu’on fait tout pour redevenir comme avant, ou est-ce qu’on est pas mieux comme ça finalement ? Et ça c’est génial. Le loup-garou n’est plus un monstre, ce n’est plus une maladie : c’est une façon d’être, c’est un personnage, avec ses qualités, ses défauts, ses évolutions au court du film. Et ça c’est une avancée majeure pour le film de loup-garou. Autre chose d’une grande richesse : la rencontre avec le docteur/chaman/onsaitpastropenvrai. On n'est plus face à un Van Helsing sur de lui, sortant sa vérité de son chapeau : le type doute lui aussi sur la véracité de la légende. Mais au-delà de ces histoires orales qu’il transmet sans être sur dans les faits que ce soit la vérité, il transmet aussi des certitudes qu’il a acquises : l’homme-loup s’il existe ne sera pas nécessairement mauvais, car ce qui fait la part de méchanceté de cette créature, c’est sa moitié humaine. Et lui, s’il avait le choix, il aimerait être un homme-loup, car il a confiance en la bonté de son âme humaine mais connaissance de l’enfermement de son corps. D’ailleurs l’histoire ne dit pas si son vœux a été réalisé, mais j’aime à penser que oui…

Alors oui, après on peut mettre les détails dans les paniers « bien » et « pas bien ». Pas bien la fin un peu confuse ; pas bien la transmission par morsure qui a été piquée aux films de vampires, pas bien la vision réac de la pop culture ; pas bien la surpuissance inexpliquée de Michele Pfeiffer (le tir au pistolet sur un type en plein saut, ça sent un peu le plan racoleur et le deus ex machina quand même) ; mais bon, bien le raccord entre le grognement du loup-garou et le rinçage de dent (dis comme ça on comprend rien, il faut le voir pour comprendre), bien le plan de fin, bien les musiques. Et pour ce film, je rajouterai aussi un panier "bizarre" : bizarre le tatouage d’araignée sur l’épaule de Michèle, bizarre la gestion de la légende. Le fait d’arrêter de penser qu’on a besoin de la pleine lune pour changer c’est formidable, mais c’est quoi cette histoire de progresser jusqu’à la pleine lune pour devenir définitivement un loup ?


J’ai beaucoup aimé le film, il soulève plein de questions sur notre conditions et ça manquait, ce genre de réflexion. Mais visiblement ils ont une vision de la légende totalement erroné, et je ne pourrais mettre aucun crédit réaliste à ce film. Dommage, j’aurais bien aimé que Lycaon ou Wulver soit interprété par Jack Nicholson...
Zalya
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le 28 nov. 2017

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Zalya

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