C'est très beau, disait-il

Yves Saint-Laurent m'a toujours fait pleurer, les interviews ou les rares documentaires où sa prosodie si particulière résonnait me faisaient sortir des larmes, c'était irrésistible et je n'ai jamais cherché à comprendre pourquoi. Dans "5 avenue Marceau, 75116 Paris", par exemple, sa façon de dire "c'est très beau" était pour moi très émouvante.
Ce biopic est un film magnifiquement interprété, le mimétisme de Niney avec Saint-Laurent est très réussi ; mais Gallienne est extraordinaire d'émotion, son interprétation est très fine, il sait exprimer dans un froissement presque imperceptible de la joue à la fois la tendresse, la crainte, le dépit amoureux, la colère. Les couleurs des décors et la photo sont superbes et servent d'écrin à cette belle histoire d'amour infini entre ces deux hommes.
D'ailleurs, je pense qu'il s'agit davantage d'un film sur l'amour que sur la mode. Aussi, ceux qui chercheraient dans ce film une rétrospective des créations de Saint-Laurent seront déçus. On voit un peu de Dior, quelques tournants décisifs que le style Saint-Laurent apporte à la couture (la robe Mondrian, le tailleur pour femme...) et un défilé de la fin des années 70.
Au-delà des qualités du film, il me manque cruellement une personne que j'aurais aimé apercevoir dans le biopic : Catherine Deneuve. J'aurais aimé aussi qu'il fût question du rôle que Saint-Laurent a joué dans le conseil et l'habillement pour le cinéma en général. Bien sûr, s'agissant de l'adaptation de la biographie de Laurence Benaïm, avec un gros plan sur l'histoire d'amour entre Saint-Laurent et Bergé, ces passages avaient-ils moins d'importance pour l'écriture du scénario.