Un Grand !

Grand. Le premier mot qui m'est venu à la sortie de la salle.
Et pourtant qu'elle a été ma surprise de voir un petit 5.9 de moyenne ! Serais-je la seule à vraiment avoir profité (et aimé !) ce film ? Qu'à cela ne tienne, je trouve ce film grand !

De par sa réalisation. Je ne connais pas Jalil Lespert mais je trouve qu'il nous livre un film juste et percutant. Les actions sont brèves nous livrant un récit rapide parfois répétitif. Loin d'être négatif, on est entrainé avec Yves Saint Laurent dans sa descente, qui tente de s'en sortir avant de déraper à nouveau. Cruel. La photo est magnifique. Le plan rapproché sur Charlotte le Bon, cheveux pêle-mêle et regard haineux vers Yves Saint Laurent nous scotche. Et Pierre Niney, slip de bain des années 60 et lunettes noires, allongé sur son plongeoir en bois m'a presque fait penser à Alain Delon au bord de sa piscine. Les couleurs sont loin, à mon sens, d'être fadasses ! Au contraire ! Des couleurs franches, qui correspondent bien aux années 50, 60 et 70. Et oui la musique parfois très omniprésente. Et encore, je ne me suis rendu compte de la chose qu'une seule et unique fois : au défilé final. Et pour le coup j'accuse plus le ciné d'avoir un peu forcé sur le volume que Jalil Lespert ! Enfin les collections ont tout à fait leur place dans le film. Elles sont directement rattachées à la vie de Saint Laurent. Au départ, complètement coincé et timide, il réalise des robes strictes, simples, sans fantaisies. Et au fur et à mesure, la couleur prend de l'importance dans ses créations tout comme des influences orientales.

De par ces acteurs. La Comédie Française nous a "sorti" deux grands. La performance est magistrale. Et les personnages sont humains. Je veux dire par là, qu'on ne nous montre pas un personnage tout gentil qui doit faire face à un grand méchant. Ils sont à la fois l'un et l'autre. On les trouve énervants puis émouvants, on passe sans cesse de l'un à l'autre. Sans réussir véritablement à les cerner complètement. Pierre Niney est très bon avec sa silhouette maigrelette et de traviole, sa voix lancinante. Il nous montre un Yves Saint Laurent coincé entre ses dessins et ses réalisations. Incapable de vivre tout simplement, il vit comme il peut. Guillaume Gallienne, que j'avais adoré dans "Guillaume et les garçons à table", est tout aussi impressionnant. En Pierre Bergé, amoureux et homme d'affaire, il apparait comme une sorte de roc impassible sur lequel cherche à ce raccrocher le couturier. A la fois autoritaire et soumis, il aime Yves Saint Laurent tout en le détestant parfois. Il me semble que la complexité de leur histoire apparait bien dans le film. Certes, elle n'est pas centrale, et quelque part tant mieux. Mais elle est là, présente.

Alors non décidément je ne comprends pas cette petite note.
Un grand film vous dis-je !