Je n'avais jamais entendu parler de la première version du film, je me fiche du cinéma de super-héros, mais cette version longue a suscité ma curiosité par sa longueur, justement : plus de 4 heures. Je me dis que si Znyder a voulu entièrement refaire un film décrit comme raté, et en proposer une version de plus de 4 heures, c'était parce qu'il avait quelque chose à dire. En me renseignant, j'ai appris quelque chose de boulversant, et qui remet tout le film en perspective. En 2017, la fille de Zack Snyder, âgée de 20 ans, s'est suicidée, alors qu'il était en plein tournage de Justice League. Il a donc quitté précipitamment le tournage, d'un film qui a été terminé par un certain Joss Whedon, et dont Snyder a totalement perdu le contrôle, comment pourrait-il en être autrement ? J'ai donc compris que si Snyder voulait refaire ce film, et le faire si long, c'était aussi et surtout, une manière de redonner vie à sa fille. Enfin, j'entends par là de recréer ce moment où sa fille était encore envie, et de prolonger ce moment au maximum en faisant le film le plus long possible. Et le film, très réussi, est hanté par la mort. Le centre du film c'est la réunion de 5 amis qui vont tout faire pour redonner vie à l'un d'eux, mort récemment, en l'occurence Superman, mais qu'importe. Le film est dédié à sa fille, Autumn, et se termine sur un plan automnal de manière éloquente. On peut tout aussi bien lire le film sans connaitre cette triste anecdote personnelle, et je le trouve franchement réussi. L'image est en 4/3, inédit, incroyable pour un film de cette puissance marketing, c'est très audacieux, mais je trouve cela très réussi, on oublie vite le format, et l'on garde le fait d'être constamment proche des personnages, ils sont au centre de l'image, en permanence, alors que le cinéma de super-héros crée de l'horizontalité et écrase ses personnages. Là on est avec eux, physiquement, mais aussi humainement, puisque Snyder privilégie des scènes très longues, construites par chapitres, plutôt que de virevolter d'un personnage à l'autre. On passe donc du temps avec chacun d'eux, et chaque destin est émouvant et assez profond, ce qui pour moi est rarissime dans ce genre de cinéma. Evidemment, je me passerai bien des scènes de baston, mais c'est un passage obligé du genre, et il n'y en a pas tant que ça. On peut trouver l'image moche, c'est l'esthétique Snyder, mais il est indéniable de voir comment le mec croit en ce qu'il fait, ainsi que la cohérence de son univers. Bref, ces quatre heures sont passées en un instant, et j'aurais même pu en enchainer deux ou trois autres.