On ne répètera jamais assez le bien qu'à fait le vénéré Ben Stiller et sa bande à la comédie ricaine, parangon de l'humour con et potache sublimé depuis par le plus délirant du gang, l'inestimable Will Ferrell.


Reste que le virage pris par le bonhomme à l'aube des 2010's, s'est même avéré encore plus passionnant à suivre que ces élans comiques que ce soit devant sa propre caméra (Zoolander, Tonnerre sous les Tropiques) ou devant celles, entre autres, des frangins Farrelly (Mary à Tout Prix, Les Femmes de ses Rêves) de Jay Roach (la trilogie Mon Beau-Père et Moi) ou encore Shawn Levy (la trilogie La Nuit au Musée).
Comme si son double passage chez Noam Baumbach (Greenberg et tout récemment While We're Young), avait réveillé la fibre profondément indépendante et libérée qui avait marqué ses débuts.


Un réveil qui trouvera son paroxysme au sein du chef d’œuvre La Vie Rêvée de Walter Mitty ou le bonhomme, impliqué comme jamais (réalisateur, vedette, scénariste et producteur), livrait à cœur ouvert aussi bien sa passion pour le septième art qu'un visage complétement insoupçonné - et follement séduisant - de sa personnalité.
Et alors qu'il s'est jamais autant approché d'une consécration ultime (il a injustement été snobé de la course aux statuettes dorées), on se disait tous qu'il continuerait à persévérer dans cette voie si personnelle pour qui sait, peut-être, incarner l'un des cinéastes majeurs du cinéma ricain des prochaines décennies à venir.


Grosse désillusion donc que de voir le bonhomme revenir à la comédie potache et surtout, de s'attacher à un projet aussi bancal que Zoolander 2, suite autant fantasmée qu'attendue de l'une des comédies les plus cultes des années 2000.


On ne crache pas dans la soupe, l'idée de revoir le plus con des modèles hommes revenir pour une aventure complétement délirante aux côtés de son BFF Hansel, du méchant-méchant Mugatu et de la bomba latina Penelope Cruz; incarnait sans conteste, pour nous, l'un des rendez-vous les plus immanquables de ce premier semestre ciné de 2016.


Accouchée dans la douleur après une gestation de près de dix ans (et au nombre certainement incalculable de réécritures), tellement désirée par tout une horde des cinéphiles du monde entier qu'il était quasimment impossible qu'il réponde à toutes ses nombreuses attentes; cette suite, toujours signée par Stiller, en décevra pourtant plus d'un tant elle n'est qu'une pâle copie du film original, mais surtout une séquelle à des années lumières de l'aura géniale de son glorieux ainé.


Si Zoolander premier du nom incarnait une critique aussi jubilatoire que maline du milieu de la mode, Zoolander 2 n'est qu'une épopée aussi bancale que laborieuse, que même un Blue Steel combiné à un Magnum puissance 1000 ne sortirait pas de sa torpeur.


Littéralement plombé par un première partie assommante accumulant dans une frénésie non-sensique les sous-intrigues au détriment de gags pas forcément drôle dans la généralité,on y suit le destin littéralement chamboulé du Derek qui, après avoir sauvé le monde il y a quinze piges, n'est plus que l'ombre de lui-même.


Deux jours après l’ouverture du centre pour enfants Derek Zoolander Center for Kids Who Can’t Read Good And Wanna Learn To Do Other Stuff Good Too, celui-ci s'écroule, défigure Hansel et tue par la même occasion la belle Mathilda.
Veuf au foyer, Derek se voit très vite retiré la garde de Derek Jr et s'exile dans les montagnes enneigées du nord du New Jersey, ou il se fera désormais appelé Erik Toolander.
Plus tard, Billy Zane le forcera de sortir de sa retraite, à embarquer pour Rome avec Hansel (qui quitte son harem de Malibu, dans lequel vit notre bon vieux Jack Bauer) pour mieux déjouer un complot criminel et international, s'attaquant aux popstars célèbres...


Objet de culte boycotté en salles mais célébré en vidéo, Zoolander se suffisait amplement à lui-même et ne méritait pas réellement de suite, enfin plus clairement, il ne méritait décemment pas une telle suite aussi peu inspirée que franchement maladroite; exagérée au maximum, rarement désopilante - même si elle offrira quelques sourires marqués - mais surtout complétement dénué du ton décalé si savoureux du premier film.


Sur près de deux heures ou seule la pluie de caméos (pour le coup réellement géniale, on y voit, entre autres, Sting, Kiefer Sutherland, Benedict Cumberbatch, Susan Boyle, MC Hammer ou encore Justin Bieber, Olivia Munn, Katy Perry, Anna Wintour, Kate Moss et Ariana Grande !!!) et les références appuyées à la pop culture, sortiront le spectateur d'un ennui poli; le film s'enlise dans une histoire manquant autant de souffle que de réel intérêt tant elle semble se borner à ne jamais voir plus loin que du simple name-dropping.


Les limites sont visibles dès le premier tiers (tronqué par un flashback didactique), et l’abatage comique du quatuor Stiller/Wilson/Ferrell/Wiig a beau être des plus sincères (les trois premiers s'éclatent à reprendre leurs personnages, et cela se voit), il ne rattrape en rien un film rythmé mais partant trop souvent dans tous les sens au point de, justement, n'en avoir carrément aucun.


Difficile alors, de ne pas réaliser in fine que ce Zoolander 2 incarne douloureusement une suite pondue quinze ans trop tard, trop peu jubilatoire (heureusement que Ferrell est là...) et presque gênante aux vues du génie comique de ses têtes pensantes (Stiller et Justin Theroux).


On a beau être des amoureux de l'humour con comme ses pieds du Frat Pack, ce second opus n'exploite jamais vraiment son potentiel comique et s'embourbe dans les sables mouvants de l'absurde, au point de ne jamais réellement prétendre au titre de chef d’œuvre du mauvais gout qu'on était pourtant si prêt de lui décerner avant d'entrer en salles.
La première grosse déception de 2016 est bien là...


Jonathan Chevrier


http://fuckingcinephiles.blogspot.fr/2016/03/critique-zoolander-2.html

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le 2 mars 2016

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