Pour sa saison hiver 2015-2016, Disney pose un gros lapin aux stéréotypes: après la géniale reprise de Star Wars et son binôme principal ♀/black, voici venu le temps des histoires sans amourettes et autres fragilités girly inhérentes au mastodonte américain de l’animation. Zootopie, 55ème Grand Classique de Big D, est une comédie policière zoomorphique où Judi Hopps, une lapine flic munie d’un optimisme sans entrave (la maxime « quand on veut, on peut », c’était elle) et son acolyte de fortune, l’escobar renard Nick Wilde mènent l’enquête dans la tentaculaire Babylone des possibles : Zootopie City, véritable forêt urbaine quelque part entre Tokyo et Dubaï.
Visuellement spectaculaire, le film brille surtout par sa modernité inattendue, au travers d’une galerie de personnages impertinente, des paresseux fonctionnaires au secrétaire de police, gros gay gaga de la popstar Gazelle (Shakira herself, ni plus ni moins), mais davantage encore par les thématiques qu’il aborde, d’une manière plus frontale qu’on aurait pu l’imaginer, et de fait merveilleusement bienvenue : racisme, sexisme, terrorisme ( !), peur, manipulation sont quelques-uns des sujets évoqués à travers notamment l’antipode inné qui existe entre proies et prédateurs. A l’intelligence de la métaphore se superpose un humour qui fait toujours mouche, bourré d’autodérision (il faut voir le dealer de pseudos films Disney pas encore sortis) et de références (Le Parrain, Breaking Bad…) faisant de ce film le plus drôle du studio – de loin (oui je sais, Kuzco nanana…mais j’aime pas) – mais probablement aussi le plus adulte, twist (im)prévu et violence gentillette (y a du kid qui a crié), et, finalement, le plus pertinent à ce jour.
Au croisement du polar et du buddy-bunny movie, voici donc, en animation de toute bôôôté la subversion light et actuelle par Mickey Inc. ou l’histoire parabolique d’une féministe pleine d’idéaux et d’un migrant plein d’idées basses dans la Big Apple cosmopolite de nos amies les (pas) bêtes. Et comme dreams come true dans la Megalopolice, mort aux vaches d’antan, dans la nouvelle ère Disney, 100% actuelle et un brin politique : ça fuse dans tous les sens (et il y a la place pour).