Je viens de découvrir ce film sur la 5 ne l'ayant pas vu en salle.
"Immersif, embarqué" pourrait-on dire à son propos mais ce serait faire insulte à cette oeuvre poignante qui en réduirait la portée à un obscène jeu vidéo.
Ici le documentariste se fait véritable cinéaste où seule la matière humaine et le vivant comptent.
On y suit une escouade de jeunes soldats ukrainiens qui ont pour mission de reprendre aux russes par tous les moyens la ville d'Andriivka située à seulement 2 kms de leurs positions.
Récit minimaliste où l'ellipse n'existe pas. Tout est filmé pratiquement en temps réel. Toutes les techniques sont employées : drones d'observation, mini-caméras grand-angle fixées sur les casques, appareils reflex plein format, etc...
Après avoir abandonné leur blindé tombé en panne, les voici la peur vissée au corps, la démarche rapide et tremblante, les visages scrutant le moindre recoin de leur environnement hostile.
On passe d'un ciel gris et bas à une couleur saturée de bleu sans nuage, comme si seul l'azur devenait la promesse d'un monde meilleur, d'une guerre absurde enfin achevée.
Vu en plongée, cette terre meurtrie foulée par ses vaillants et téméraires volontaires n'a plus à montrer qu'une dérisoire bande de végétation où subsiste quelques moignons d'arbres.
Dans cet enfer, quelques bribes d'interviews arrachées donnent beaucoup d'humanité à ces jeunes combattants, les yeux encore tournés vers l'adolescence.
On apprend en voix off que certains, plus tard, seront portés morts ou disparus.
Les derniers plans montre un soldat enfin parvenu dans ce qui reste de la bourgade.
Dans ce champ de ruines, il parvient à hisser sur un pan de mur un drapeau bleu et jaune,
symbole de sa patrie démembrée.