Au royaume des aveugles ... (critique en braille)

Ami détective, le cinéma anglais vient une nouvelle fois de frapper un grand coup avec cette fiente filmée d'une heure 43, un puissant somnifère télévisuel que l'on doit pourtant au grand Hathaway, qui pourrait si bien être "remaké" avec dans le rôle principal un magnifique George Clooney, Michael Caine dans le rôle du valet qui lui va comme un gant, et pour réalisateur Quentin Tarantino qui - de toute façon n'est pas foutu de faire un film sans s'inspirer fortement d'un autre – pourrait rajouter quelques centaines de milliers de litres de sang. Les plus sourds d'entre vous auront sans aucun doute entendu parler des aveugles, ceux là qui, au même titre que les SDF ronds qui font la quête, nous harcèlent pour les aider à traverser la rue (humour). On ne rigole pas avec le handicap terrible des aveugles, j'en connais parmi mes gens, mais en voyant ce film je les envie de tout mon cœur. Imaginez vous donc un film avec comme héros un aveugle. Je n'ai pas la moindre animosité pour les aveugles, au contraire, les voir représenté comme tel dans un film me déplore.

C'est l'histoire d'un dramaturge aveugle qui écrit des pièces avec des textes aussi émouvants qu'une feuille de Lotus solitaire sur un rouleau de PQ. Il va en cachette dans un bar pour se bourrer la gueule et oublier qu'il ne voit plus et surprend une discussion d'un fort grand intérêt (je méprise ceux qui se sentent obliger d'écouter aux portes). Sa curiosité est titillée et il harcèle la police pour enquêter sur cette pseudo affaire. La guigne, la police ne l'aide pas, le dramaturge perd de vue le nord du fil de son enquête minable qui tourne en rond et quelques excès de lucidité le pénètre ça et là pour nous amener des révélations pitoyables. A nous les discussions dans les bars avec les malfrats, à nous les traversées de la Tamise, a nous les balades joviales dans les parcs et à nous le choc des paupières. Au royaume des voyants, l'aveugle est roi et il résout l'enquête sans la résoudre, tout le monde est content sauf ceux qui s'attendaient à voir un esprit Hitchcockien à ce film, FIN.

Est-ce que les anglais ont construit Big Ben, ont fabriqué le premier télescope, ont inventé la ceinture de sécurité et ont gravé la face d'Elisabeth II sur tous les plats à tarte pour se taper un film pareil ? Oui, ce film est complètement con du début jusqu'à la fin. Oui, c'est à peine supportable de voir un aveugle se pavaner dans Londres en se prenant pour Sherlock et en écoutant en boucle une bande sonore qui nous hantera la boîte crânienne à la fin du film à force de l'avoir entendue. Oui, c'est chiant de voir une filature sans la moindre intensité pour une enquête qui provoque en nous un profond bâillement. Oui, les conneries policières du genre mou, visqueux, faiblard et dégoulinant de répugnance tel une "jelly" pas fraîche me les brise royalement. J'aime les vieux films qui tendent vers un esprit "Hitchcockien", j'aime les films de Hathaway, mais ces critères ne justifie en rien la qualité du film, et ici il n'y a rien à garder. Le peu de truc intéressant a déjà été vu ailleurs.

Deux points quand même pour ce film pour m'avoir appris que l'on pouvait tuer tranquillement n'importe quelle femme en la jetant de 10 mètres devant les flics et leur serrer la main pour constater le décès sans être jugé ni même arrêté. Au contraire, on peut être félicité et même remercié. Les deux points sont aussi attribués pour cette fin qui provoque en nous un état de prostration intense. Une fin aussi chiée que le début, le milieu et tout ce qu'il y a autour. Nous ne savons pas comment le "héros" a perdu la vue. Nous ne savons pas pourquoi il y a cette scène de filature. Nous ne savons même le pourquoi du comment de ce personnage nommé "Evans". Nous ne savons même pas si l'augmentation de 20 centimes sur les paquets de clopes empêchera les fumeurs de s'en foutre plein les poumons ou permettra à l'Etat de s'en foutre plein les poches. Incertitude vieille vicieuse. J'ai vu ce film, mais pourquoi t-il ?

Pour revenir sur cette scène de la filature qui est le moment le moins captivant de tout ce putain de film, le Héro demande à son laquais de suivre la femme N°2 et de la prendre en photo. Le type part sans appareil photo et par un heureux hasard, la femme va dans une boutique où ben justement, il peut s'acheter un appareil photo (et Graham Hess s'empressera de dire que certains croiront à un miracle et d'autres à des coïncidences). Il l'a prend avec son appareil mais ça ne sert à rien puisque de toute façon personne n'a vu la madame N°1 pour la comparer avec madame N°2. Tourner des scènes sans raison valable et tout aussi inutilement que Marc Levy prend son stylo à deux mains (si vous le voulez bien) pour se le tripoter et éjaculer sur des pages blanches ses conneries banales, est-ce bien raisonnable ? (dixit Pierre Desproges). Ce film est sans intérêt et son héros aveugle nullement appréciable. Cela me fait penser à la parole d'un chanteur/compositeur/pianiste que je ne citerai pas pour ne pas faire de pub à Ray Charles (belle prétérition), qui a répondu quand on lui a demande si être aveugle était un handicap : "On trouve toujours plus malheureux que soi, j'aurais pu être noir."

Bon Film :)
P-D
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le 28 juin 2013

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