RETOUR SUR


Au visionnage de The Grand Budapest Hotel, j’avais d’ores et déjà décelé cette discordance entre mon avis sur le film et celui du reste du monde. Même si je lui reconnaissais bien des qualités, notamment de forme (les décors, la photographie, le comique basé sur le cadrage…), j’étais bien loin de la hype généralisée sur le boulot de Wes Anderson. Malheureusement, ma compagne (qui, si elle avait à choisir, emmènerait certainement TGBH avec elle sur une île déserte) a décidé de « légèrement se pencher » sur le travail du réalisateur. Comprenez ici : acquérir l’intégralité de la filmographie du type…


The Darjeeling Limited fut alors la deuxième étape de ce chemin de croix.


SUR LE FOND : 3 étoiles


Je vous avoue, au début j’y ai cru et j’ai été intrigué. Après tout, le film ouvre sur les retrouvailles durant un voyage étrange de trois personnages qui semblent être frères, qui semblent être en froid et qui ne semblent pas se comprendre. J’étais donc prêt à ce que le film m’explique pourquoi, entre dans les détails aussi bien concernant les raisons qui ont amené cette situation que sur les évolutions futures des personnages, leurs façons de réagir face à cela. Et là, patatras (comme disent les jeunes) ! Le film enchaine juste les gags plus ou moins réussis pendant 1h30, résumant le scénario en « trois frères en quête spirituelle/initiatique ».


C’est plat, c’est vide, bref c’est chiant (huez-moi si vous voulez). Évidemment, la quête spirituelle ne va pas se passer comme prévue, dommage cela aurait presque pu être plus intéressant. De nombreux obstacles successifs vont se mettre en travers des rails des personnages, un Very Bad Trip sans la gueule de bois en somme. Je ne sais pas si c’est parce que le film se la joue chébran en voulant me faire croire à une intelligence décalée, ou parce qu’il porte sur le thème de la famille (qui me parle autant que le dernier album de Jul) mais voilà, je suis resté complétement hermétique à l’intrigue, aux enjeux et aux personnages.


Les trois frères (Owen Wilson, Adrien Brody et Jason Schwartzman) passent leur temps à s’engueuler et à se dire « je t’aime » jusqu’au terminus où ils vont retrouver leur mère un an après le décès de leur père. Un objectif qui se transformera en pétard mouillé :


« Bonjour !


-Mais, je vous avais dit de ne pas venir…


-Bah on est là quand même.


-Ça fait plaisir de vous voir, allons dormir !


(Nuit)


-Hey les gars, maman s’est barré…


-Bon bah, on s’en va alors. »


Attention, je ne suis pas (totalement) idiot, j’ai bien conscience que ce film aborde le deuil, l’autodestruction, la complexité à mener sa vie comme on le souhaite ou comme on l’imagine, et la difficulté à faire face à tous les aléas qu’elle contient. Mais le traitement de tout ça m’a complétement laissé sur le bord du quai.


SUR LA FORME : 5,5 étoiles


Même avec un filtre jaune-curry pour dynamiser un peu la chose, le film reste plat et triste. Alors oui, j’ai quand même retrouvé certains éléments que j’avais déjà apprécié devant TGBH comme le comique de situation ou la fascination d’Anderson pour la symétrie et les travelings ralentis. Il y a effectivement une certaine une liberté d'écriture qui apporte de la fraicheur. Comme le fait de nous mettre 5min de Bill Murray qui court en ouverture... On a presque le temps de s'attacher au personnage, de vouloir savoir pourquoi il est si pressé. Et puis, il se fait doubler par Adrien Brody et on comprend qu'on s'est fait flouer, que cela aurait pu être une autre histoire mais que ce n'est pas le sujet d'aujourd'hui. Mais ça ne suffit pas pour prendre beaucoup de plaisir devant The Darjeeling Limited. La photographie est à mon sens loin d’être exceptionnelle, et ne rend vraiment pas hommage à l’Inde malgré la passion du réalisateur pour ce pays.


Globalement, la BO country-pop est sympa, mais lorsqu’il balance « Les Champs-Elysées » de Joe Dassin sur une scène où les trois frangins courent dans une gare indienne. Là, il m’a perdu.



How can a train be lost ? It's on rails.



Que dire de plus, c’est probablement une œuvre typique du style Anderson, auquel je n’arrive pas à adhérer. Alors quitte à choisir un Anderson, je prendrais Paul W.S. à qui on doit le chef d’œuvre Mortal Kombat. FINISH HIM !


Bonus acteur : NON


Malus acteur : NON


NOTE TOTALE : 4 étoiles

Spockyface
4
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Soirées Canap' 2018 et Les meilleurs films de 2007

Créée

le 23 mars 2018

Critique lue 234 fois

Spockyface

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