Godard : Provocateur, iconoclaste, dilettante !

Belmondo vole une voiture, puis il remonte la nationale, ouvre la boîte à gants et y trouve un flingue, excès de vitesse, police, course-poursuite, « bouge pas ou j’te brûle », le flic tombe, Belmondo court dans un champ.

Notre héros, désormais meurtrier, va retrouver une ancienne conquête et passer du bon temps avec elle : il veut l’emmener en Italie. Il ne semble pas très affecté par les événements récents, ni par le fait qu’elle soit enceinte.

Mais la police se rapproche et met la pression sur la fille, qui va finalement dénoncer son amant, qui sera abattu…


Pourquoi ce film a-t-il eu du succès ? Déjà, il y a un Belmondo dedans, ce qui est toujours une plus value, et surtout, il y a les cinq premières minutes où Godard expédie le récit dans un montage brutal et novateur. Exceptionnel et d’une modernité toujours actuelle. Le problème est qu’il ne l’a pas fait exprès : son film était trop long, alors il l’a charcuté à la sauvage pour un résultat assez inespéré.

Pour le reste, l’objectif de Godard, que son histoire n’intéresse pas, est de prendre le contre-pied de tout ce qui se fait. On a l’impression qu’il a écouté les gens autour de lui pour faire l’inverse. Le résultat est assez déroutant : si l’innovation formelle est là, elle se fait sur une histoire assez ennuyeuse.

Y a-t-il un fond ? Je ne l’ai pas constaté : tout semble assez vain et superficiel, point d’orgue l’interview de Melville. Pourtant, à mon deuxième visionnage, je l’ai trouvé meilleur : l’improvisation, puisque tout le film est ainsi, lui donne une certaine fraîcheur intemporelle.

Est-ce le meilleur film de Godard ? Qu’est-ce que cela veut dire, « le meilleur film » ? On sent bien que les jugements de valeur ne s’appliquent pas trop par ici : Godard n’est pas un réalisateur, c’est un vidéaste, iconoclaste, provocateur, dilettante. Dans sa filmographie, À bout de souffle est ce qui se rapproche le plus du cinéma… pour le reste, c’est autre chose.


borys38
7
Écrit par

Créée

il y a 5 jours

Critique lue 3 fois

1 j'aime

borys38

Écrit par

Critique lue 3 fois

1

D'autres avis sur À bout de souffle

À bout de souffle
Grimault_
7

Une symphonie du détail

À bout de souffle a de ces répliques marquantes : « On dit dormir ensemble, mais c’est pas vrai ». En disant cette phrase, l’air de rien, Jean Seberg définissait avec poésie de la Nouvelle Vague, et...

le 6 juil. 2017

120 j'aime

18

À bout de souffle
pphf
8

Wind of change

C’est l’histoire d’un garçon qui pense à la mort et d’une jeune femme qui n’y pense pas. J.L.G. (Passer pour un plaisantin, un farceur, voire un imposteur, voire même un cinéaste totalement...

Par

le 29 nov. 2016

84 j'aime

3

À bout de souffle
Pravda
8

Nouvelle Vague ou tsunami ?

J’ai enfin vu A bout de souffle. Je ne connais pas Godard et c’est le premier film que je découvre de ce réalisateur mais au vu des avis partagés (et c’est un euphémisme) qu’il suscite, je...

le 30 mai 2013

82 j'aime

7

Du même critique

Pensées pour moi-même
borys38
5

Chacun ne vit que le moment présent et ne perd que l’instant.

ILes Pensées pour moi-même de Marc Aurèle, ce sont les réflexions philosophiques sur la manière dont on doit conduire sa vie, rédigées par un empereur romain du IIᵉ siècle. Et l’idée que l’on puisse...

le 4 mai 2025

2 j'aime

Bullshit Jobs
borys38
2

Ok, j’interviens !

Le monde moderne est infesté de bullshit jobs : des jobs qui ne servent à rien et sont absurdes pour différentes raisons, et on y gagnerait tous, en tant que collectif, à les voir supprimés. Question...

il y a 2 jours

1 j'aime

À bout de souffle
borys38
7

Godard : Provocateur, iconoclaste, dilettante !

Belmondo vole une voiture, puis il remonte la nationale, ouvre la boîte à gants et y trouve un flingue, excès de vitesse, police, course-poursuite, « bouge pas ou j’te brûle », le flic tombe,...

il y a 5 jours

1 j'aime