Belmondo vole une voiture, puis il remonte la nationale, ouvre la boîte à gants et y trouve un flingue, excès de vitesse, police, course-poursuite, « bouge pas ou j’te brûle », le flic tombe, Belmondo court dans un champ.
Notre héros, désormais meurtrier, va retrouver une ancienne conquête et passer du bon temps avec elle : il veut l’emmener en Italie. Il ne semble pas très affecté par les événements récents, ni par le fait qu’elle soit enceinte.
Mais la police se rapproche et met la pression sur la fille, qui va finalement dénoncer son amant, qui sera abattu…
Pourquoi ce film a-t-il eu du succès ? Déjà, il y a un Belmondo dedans, ce qui est toujours une plus value, et surtout, il y a les cinq premières minutes où Godard expédie le récit dans un montage brutal et novateur. Exceptionnel et d’une modernité toujours actuelle. Le problème est qu’il ne l’a pas fait exprès : son film était trop long, alors il l’a charcuté à la sauvage pour un résultat assez inespéré.
Pour le reste, l’objectif de Godard, que son histoire n’intéresse pas, est de prendre le contre-pied de tout ce qui se fait. On a l’impression qu’il a écouté les gens autour de lui pour faire l’inverse. Le résultat est assez déroutant : si l’innovation formelle est là, elle se fait sur une histoire assez ennuyeuse.
Y a-t-il un fond ? Je ne l’ai pas constaté : tout semble assez vain et superficiel, point d’orgue l’interview de Melville. Pourtant, à mon deuxième visionnage, je l’ai trouvé meilleur : l’improvisation, puisque tout le film est ainsi, lui donne une certaine fraîcheur intemporelle.
Est-ce le meilleur film de Godard ? Qu’est-ce que cela veut dire, « le meilleur film » ? On sent bien que les jugements de valeur ne s’appliquent pas trop par ici : Godard n’est pas un réalisateur, c’est un vidéaste, iconoclaste, provocateur, dilettante. Dans sa filmographie, À bout de souffle est ce qui se rapproche le plus du cinéma… pour le reste, c’est autre chose.