En s’inspirant de la citation d’Henri Jeanson (1900-1970), on ne fait pas de bon cinéma avec de bons sentiments, le film affaiblit, par son discours misérabiliste, un sujet grave, l’expulsion de familles, ici en Espagne où il y en eu 400 000 en 10 ans et la violence policière qui l’accompagne. Le réalisateur a choisi de raconter 3 histoires (un documentaire, au lieu d’une fiction, aurait été plus efficace) qui se croisent sur le même sujet, certes montrant la diversité des situations mais les trois ne se valent pas ou auraient dû être traitées séparément. La plus intéressante est celle d’Azucena (Penelope Cruz), travaillant dans un supermarché, et dont le mari, Manuel (joué par le réalisateur) travaille dans le bâtiment. Le couple se déchire, dans un dialogue de sourds, sur la façon de réagir face à l’expulsion (exil en Argentine pour le mari, résistance avec un collectif pour la femme) ; le motif de l’expulsion n’est pas clairement expliqué (probablement décision de la banque d’augmenter le montant de leur remboursement de logement, à moins qu’il ne s’agisse d’une augmentation de loyer, la banque ne voulant pas prêter l’argent manquant pour y faire face, probablement dans un contexte de crise économique et immobilière). La 2e histoire montre un avocat, Rafa (Luis TOSAR) qui défend, entre autres, une famille monoparentale d’origine magrébine (Badía, femme de ménage et sa fille Selma) et qui privilégie son travail (pas toujours efficace car désordonné) au détriment de sa vie privée (en couple avec Helena, travailleuse sociale, enceinte de lui et qui vit avec son fils, Raúl) où il ne tient pas ses promesses. La 3e est la moins développée, celle d’une femme, veuve, qui n’a plus de contact avec son fils Germán, pour qui elle s’est porté caution et qui a fait faillite.