"A dangerous method" parle donc d'une brouille entre Jung et Freud, brouille occasionnée par une jeune patiente de Jung, nymphomane SM ayant subi des outrages de son père, et dont Jung finit par faire sa maîtresse.
Par beaucoup d'aspect, le film a les qualités et les défauts d'un film européen : splendide photographie de Zurich et du monde Mitteleuropa, avec sa vallée que l'on traverse en voilier, ses intérieurs bourgeois, ses jardins soignés où l'on pose sa chaise comme dans un sanatorium, ses cabinets de curiosité, ses bibliothèques cossues, ses monuments, ses calèches ou ses automobiles longent des voies d'eau, etc... Un rythme lent, sans pour autant être un film intimiste. Un scénario reposant sur des échanges épistolaires lus en voix off sur fond de musique mélodramatique-un-peu-mais-pas-trop. Et bien sûr des déchirures sentimentales, des cas de conscience, des remords, du renoncement, etc... Si l'on ajoute à cela l'intérêt pour la psychanalyse, sur le papier ce livre pourrait passer pour un film de Werner Herzog. Sauf que....
Sauf que Vigo Mortensen en Freud fait moins penser à un psychanalyste viennois qu'à un attorney du sud des Etats-Unis, que Keira Knightley se donne beaucoup de mal pour faire des grimaces genre regardez-je-suis-une-vraie-actrice-je-m'en-fiche-d'être-belle. Elle a beau y mettre beaucoup d'effort, je vois toujours Keira Knightley, son menton à la fois doux et agressif et son sourire trop parfait d'actrice anglosaxonne. Rien de Juif, ni de germanique chez elle. D'ailleurs au début, quand elle est assis sur une chaise, on a l'impression de voir une candidate à une audition de casting.
Autre problème, l'intrigue assez grossière et peu subtile, au fond. Peu de non-dits, de faux-semblants, de suggestion. Ce n'est pas ennuyeux, mais c'est une reconstitution un peu vide.
J'aurais aimé dire moins de mal d'un film de Cronenberg, mais ce serait se voiler la face. "A dangerous method" souffre que son sujet européen ait été traité par une équipe yankee.