On ne va pas se mentir : les cinquante premières minutes ont été dures (à un tel point que j'ai dû accélérer la vitesse de la vidéo lors d'un plan fixe qui n'en finissait pas, chose que je déteste faire) ! C'est long et on se demande vraiment ce que A Ghost Story va bien pouvoir nous raconter ! J'étais même au point de me demander ce que je faisais devant ce film, dont la bande annonce m'avait pourtant donné envie de lui donner sa chance !


Heureusement, je n'ai (bizarrement) pas eu l'idée d'arrêter le film car c'est après cette première partie assez difficile, centrée sur le deuil du personnage de Rooney Mara, qu'il y a un changement au niveau de la dynamique : si le film reste toujours lent, j'avoue avoir beaucoup plus apprécié les trente dernières minutes ! Ce n'est en effet qu'à partir du moment où le fantôme se retrouve seul que l'errance commence véritablement !


Étant dans l'incapacité de quitter sa dernière résidence, il assiste aux allées et venus des nouveaux propriétaires et est le spectateur de l'écoulement du temps (comme tout le monde me diriez vous sans doute, et ce à raison, à ceci près que notre amis est également assez limité en terme de passe temps), jusqu'à la destruction de son chez-soi ! C'est à partir de là que l'on découvre que la prison du fantôme n'est pas seulement spatiale : elle est aussi temporelle ! Il se retrouve en effet au jour de la naissance (enfin je veux dire de la construction) de la maison ! De ce fait, le fantôme assiste à l'histoire de sa dernière demeure, depuis le tout premier coup de marteau, jusqu'à ce qu'il vienne y emménager lui même, avec sa compagne ! À ce moment, A Ghost Story m'a beaucoup fait penser à Interstellar, car le fantôme devient la source des bruits qu'il entendait de son vivant ! Rien de bien original en soit (je pense ne pas avoir été le seul à m'être fait la remarque que les bruits étaient sans doute causés par un fantôme), mais j'ai bien apprécié cette troisième phase, bien qu'assez expéditive, qui se conclut par un twist simple et poétique mais qui n'est pas dénué d'impact ! De plus, la réponse que donne le personnage de Casey Affleck lorsque sa compagne lui demande pourquoi il veut rester dans cette maison ("history") prend, en quelque sorte, tout son sens !


En ce qui concerne le casting, je ne peux m'y attarder car si j'ai trouvé le jeu de Rooney Mara convenable, il faut bien reconnaître que j'ai, encore une fois eu du mal avec sa partie (bien que, après avoir lu des avis ici et là, j'ai été plutôt convaincu par l'idée selon laquelle cette lenteur si prononcée était nécessaire pour traiter le sujet qu'est le deuil) ! Quant à Casey Affleck, c'est avant tout son jeu sur le plan physique qui doit être mentionné : avec sa démarche lente et sa posture statique, il incarne un fantôme old school sobre et réussi à transmettre des émotions, bien qu'il soit recouvert d'un drap !


Au niveau de la réalisation, j'ai trouvé que certains plans étaient sobres, eux aussi, mais aussi d'une grande justesse ! J'avoue en revanche avoir eu un petit moment de panique au moment où une porte (sans doute celle de l'au-delà) apparaît à l'hôpital, juste après le réveil du fantôme et je n'ai pas vraiment vu ce qu'apporte le choix du format de l'image !


Par contre, j'ai beaucoup apprécié la simplicité avec laquelle David Lowery a filmé la délivrance des fantômes ! Je me permet de faire ici une petite parenthèse car j'ai, depuis le visionnage du film, une chanson de -M-, Délivre, qui ne cesse de me revenir à l'esprit : après réécoute, certains couplets m'ont beaucoup fait penser à A Ghost Story !


Un film assez étonnant, en somme, dans la mesure où j'étais prêt à lui mettre un méchant 4 une fois la cinquantième minute passée, et qu'en moins de quarante minutes j'ai senti un vrai basculement dans la narration qui m'a fait changer mon ressenti sur A Ghost Story ! À la fois triste et beau, ce film ne laisse pas indifférent ! Je vous conseille donc de vous accrocher car si la lenteur se prête bien aux thématiques du film, elle n'en reste pas moins éprouvante ! 8/10 !

vic-cobb

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