L'orgueil a la conscience de son néant...

50 % de raisons à apprécier contre 50% à détester, "A ghost story" est le seul film qui, jusqu'à présent, a provoqué en moi une intense bouffée schizophrénique qui heureusement n'a duré que 1h27 très exactement. Aux premières incrustations du générique de fin je me suis précipité vers la sortie, soulagé de voir le jour !


Le film démarre plutôt bien, avec toutes ses petites particularités techniques (format, arrondis des angles, lumière confuse, bref ce dont tout le monde a déjà parlé) et l'on se dit bon un peu de régénérescence dans le savoir faire du cinéma américain ne peut faire de mal. L'idée exploitée par la suite est elle-même plaisante, un peu d'empathie pour un revenant ce n'est pas courant et le réal a le culot d'aller jusqu'au bout de son concept candide, un drap, deux trous noirs pour les yeux. Belle facétie !


Et puis, presque plus rien... je ne révoque pas la séquence de la tarte (belle notoriété publique !), ni celle de ce prédicateur à deux cents comme YouTube aime à en créer tous les jours. Il n'empêche que ces deux scènes durent plus de 10 minutes ! C'est particulièrement déstabilisant, et c'est là notamment où mon bras gauche s'est mis à me tirer l'encolure pour m'intimer l'ordre de sortir tandis que la bras droit lui me retenait par la cuisse comme pour dire, ce sont que quelques pointes de vanité ça va passer. Je plains cette brave dame qui était à mes côtés en grand chat sur Messenger et que j'ai du déranger dans sa discussion.


Je suis resté. J'ai quand même envie de partir. Je tente de reconstituer le puzzle tant bien que mal m'accrochant à ce que je vois. Cherchant empathie pour C et M et pourquoi pas pour X (qui a l'air bien poli et tout et tout) autre spectre dans la maison d'à côté. S'ensuit une auto réflexion sur le deuil, après tout c'est le thème central du film. Cette peur de l'oubli, (Sartre sort dessous ce drap !), est sans doute partagée par une majorité d'êtres, mais est pour moi le cadet de mes soucis, que dis-je ? Le benjamin !


Mon esprit rationnel me fait penser qu'il suffit déjà de voir comment notre société oublie parfois certains humains bien vivants à la moindre faille, ou au moindre accident de vie. Ces délaissés de la vie auront beau hanter toutes les places de la terre, ils n'existaient déjà plus. Tout cela encore est question d'orgueil. Car Lowery lui, s'y accroche ! Il invente une espèce de délire intemporel ou toute fin est un commencement, ou pour le moins un redémarrage. Cela en est trop pour ma voisine, elle se lève et repart... Et si je la suivais ?


Sentant la fin proche, celle du film pas la mienne, je me décidais à aller jusqu'au bout de ce oeuvre gadget. Il faut avouer que David Lowery soufflant constamment le chaud et le froid, finit par piquer la curiosité. Il faut lui rendre justice également sur certains plans magnifiques et le fait d'avoir su redonné à Casey Affleck un côté expressif dans son jeu qu'on ne lui connaissait plus depuis des années.


On me reprochera sans doute ma facile ironie, mais quand on a matière à signer un excellent moyen métrage, comment expliquer, si ce n'est par orgueil, que l'on tienne à en tripler la durée ?

Fritz_Langueur
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le 11 janv. 2018

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Fritz Langueur

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