Il y a quelques semaines, je lisais "Guerre nucléaire, un scénario." d'Annie Jacobsen. Dans ce roman, l'autrice décrivait de manière presque scientifique le scénario d'une attaque nucléaire initiée par la Corée du Nord et visant les Etats-Unis. Impossible donc de ne pas faire le parallèle avec ce film qui a une trame similaire.
J'avais trouvé le livre d'Annie Jacobsen brillant, du fait d'un travail de documentation extrêmement important avec des centaines de notes techniques et des références foisonnantes à nombre de sources sérieuses. Cela donnait à l'ensemble un aspect certes technique, presque aride, mais sérieux et crédible. Le livre avait aussi le mérite de dérouler les implications de son scénario jusqu'au bout (attaque, stratégie de riposte, conséquences...).
"A House of Dynamite" n'est peut-être pas aussi sérieux dans son approche, mais le film arrive néanmoins à conjuguer une certaine rigueur avec une bonne retranscription du sentiment de sidération qu'une telle attaque peut provoquer. Le choix de multiplier les points de vue narratifs rend compte de la nécessaire et difficile coordination de multiples acteurs, même si les choses sont simplifiées. Le film, même s'il se permet quelques écarts, évite tout de même de trop grandes effusions d'émotions qui détoneraient dans ce décor. Les processus clé en main, les rôles pré-déterminés, l'action bicéphale du militaire et du politique, ne laissent que peu de place à l'humain. Mais dès lors que ceux-ci sont au premier plan, ils apparaissent comme déterminants par leurs choix, mais aussi clairement faillibles, soumis à une extrême tension et à l'impondérable du temps limité qui impose la prise de décision.
Reste cependant, qu'après mon visionnage, je n'ai pas pu me départir d'un sentiment de frustration. Mais pour en parler, je dois spoiler :
La fin qui semi-ouverte. C'est personnel, mais j'aurais préféré un traitement radical de ce sujet, plus pessimiste. Surtout, j'ai l'impression que le film s'est arrêté au milieu du gué, sans explorer les conséquences de l'attaque, de la riposte, des maillons supplémentaires mis en place, des incidences internationales.... La réalisatrice justifie cette fin comme étant une invitation à la discussion et au débat sur un sujet global. Mais avec ce choix, je ressens plutôt une focalisation sur les Etats-Unis et la porte laissée à un petit espoir, qui ne me semble pas avoir lieu d'être ici.
En tout cas, si ce film vous a plu, foncez lire le livre d'Annie Jacobsen, c'est vraiment un excellent moyen d'approfondir le sujet !