C'est avec grande satisfaction que je fais la rencontre de Guillaume Brac au travers de ce téléfilm. Il s'agit là d'une comédie romantique sans grande prétention, on parle d'amourettes d'été et c'est déjà bien assez.


Les personnages sont attachants tant ils sont vrais. De fait leurs interactions sont d'autant plus appréciables. On ressent les malaises, les désirs tout comme les déceptions. Aucun n'est un modèle de vertu, filles comme garçons ont leur dessein, ils se posent tous (avec nous, témoin) la fameuse question : "baiserais-je ?".


Tout cela engendre une diversité d'émotions, tantôt on rira, tantôt en enviera, tantôt on pleurera.


La réalisation reste simple et efficace. Ne serait-ce que ce plan des deux "galériens" derrières le grillage épiant avec jalousie leur camarade se baignant avec sa copine. Ils n'ont pas accès à cela, ils sont prisonniers. Simple et efficace.


On est à mi-chemin entre Rohmer et Hong Sang Soo. On parle de tout ce qui est relatif à l'amour, du refus à la conclusion en auscultant la complexité des interactions modernes (Rohmer) tout en ayant un œil réaliste (Soo). Il serait tout aussi pertinent d'inclure Kéchiche pour le côté social. En effet nous sommes en présence de prolétaires des banlieues parqués au camping qui vont aller draguer des petites bourgeoises qui habitent la maison secondaire de leurs parents.


Le Film avait tout pour me séduire pourtant...


Le premier bémol pour ma part est Édouard. Le personnage est assez mal écrit. On comprend bien qu'il est le Célestin ultime, le mec pas doué, pas sûr de lui, qui doit répondre à sa maman. Pour autant ses mots résonnent faux par comparaison aux autres. Ses répliques sur la ponctualité, son intervention puritaine après la cascade, sa gêne quand on lui parle de "weed". Alors certes ce décalage créé un élément comique mais honnêtement difficile d'y croire plus de deux minutes.


Mon dernier pinaillage concerne les dialogues qui selon les moments paraissent étranges. On remarque très rapidement l'influence de Rohmer chez Brac mais parfois beaucoup trop. Car le style Rohmerien c'est tout une prose, c'est du théâtre filmé au rythme des cœurs qui battent. Alors que Brac adopte un style très réaliste, les personnages causent ils ne dialoguent pas. Entendre des expressions "vieillottes" au milieu des bavardages entache l'harmonie du film par moment.


Cela dit...


On voudrait y être ou y retourner. Dragué ou dragueur, seul ou en couple, Guillaume Brac nous fait vivre avec nostalgie un vrai conte d'été.

r1mrl
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le 6 nov. 2021

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