Y a du nouveau à Hollywood

Je comprend comment on peut voir dans ce film autre chose qu'un plaidoyer anti-militariste. Mais c'est se tromper d'interprétation. C'est vrai que les soldats dépeint dans le film semblent aimer la vie de tranchée, malgré tout ce qu'ils peuvent en dire. Ce n'est pas qu'ils l'aiment vraiment, mais inévitablement elle a fini par devenir leur vie. Les camarades de régiments sont devenus des frères, les baraquement creusés dans la boues sont leur foyers, et leur fusils des outils de travail.

Mais reprenons dès début. A l'Ouest Rien de Nouveau se propose de retracer le parcours de Paul Bäumer, un jeune allemand naïf, engagé volontaire dans l'armée. Lui et ses camarades ont été victimes d'un quasi lavage de cerveau de la part de leur charismatique professeur de lycée, s'évertuant à leur inculquer une version exaltée du patriotisme et de ce que signifie "servir son pays". Il n'en faut pas plus pour convaincre des jeunes hommes plein d'hormones, et voici notre petite bande qui se rend bras dessus, bras dessous, au bureau de recrutement.

Après un entrainement rudimentaire où tout le monde se marre bien, arrive le baptême du feu. Un violent dépucelage pour certain, pour les autres c'est tout simplement la fin de l'aventure. Puis c'est la vie de tranchée qui commence avec les pieds dans la boues jusqu'aux chevilles, les bombardements incessants, les repas infectes, et heureusement le soutien moral mutuel. En l'occurrence ce soutien est assuré par "Kat", un bonhomme affable qui sert de maman à tout le régiment.

Nous passerons les scènes de combats spectaculaires, surtout pour l'époque, pour arriver directement à cette scène clé où Paul Bäumer obtient enfin sa perm et rentre chez lui. Très rapidement le comportement des civils restés à l'arrière l'exaspère. Tous semblent pensés que Paul est un privilégié. Pouvoir participer activement à la guerre, qui indubitablement s'achèvera bientôt par une victoire éclatante, est un grand honneur pour Paul. Seulement le principal intéressé ne l'entend pas de cette oreille. Mais ce qui le met hors de lui ce sont surtout les discours de son ancien professeur qui tient toujours la même rengaine. Non, décidément personne ne comprend ce qu'est la guerre. Il n y a qu'un guerrier pour comprendre la guerre, et les guerriers doivent vivre entre eux. C'est pourquoi Paul décidera d'écourter sa permission tant attendue.

Nous sommes en plein paradoxe, c'est ce qui fait toute la subtilité du film qui dénonce la guerre sans tomber dans le mélo larmoyant. A part peut être dans cette scène inoubliable où Paul est coincé dans un trou d'obus avec un soldat français qu'il vient de tuer, et à qui il tient un long discours sur le bien fondé de la guerre.

A l'Ouest Rien de Nouveau est un film grandiose comme un blockbuster hollywoodien et intelligent comme un film d'auteur, un chef d'œuvre intemporel vieux de près de 90 ans.