Huhu, une adaptation de livre en film, ça n'a jamais été transcendant. Mais alors là, ça méritait que j'inscrive au fer rouge mon avis sur la chair bien ferme de ce splendide navet.


On commence avec le choix des intervenants, savamment sélectionnés par l'élite de l'usine à production, le fin du fin, le faîte du haut du panier, que dis-je, la superbe ribambelle de joyaux intellectuels polis et entretenus par Hollywood. On a d'une part une Lyra complètement éteinte et horripilante par rapport à la version d'origine, au charisme de bivalve momifié et à la prestance d'une tringle à rideaux sans rideau dans son rôle de fille des rues. Tout ce qu'elle sait faire, c'est geindre, avoir peur, faire une moue qui semble représenter la colère... ou le dégoût? La pauvre petite aura peut-être compris bien vite que ce rôle allait la fixer dans les abysses de la médiocrité et de l'anonymat. Encore que, c'est Hollywood, terre d'espoir aux routes pavés d'or et de bonnes intentions (comme l'enfer, tiens)! D'autre part, on a toute une tripotée d'acteurs qui se laissent voler la vedette par la poupée sus-citée, alors qu'ils ont quand même un tantinet plus de réputation, d'expérience et de classe, surtout Nicole Kidman (mais je l'aime bien, donc on va glisser cette remarque sous un tapis nommé Subjectivité).

Et la trame dans tout ça? J'allais y venir, justement. Comment voulez-vous décemment dans de telles conditions respecter le livre? Ou au moins ses personnages? La couleur des cheveux de Madame Coulter est pourtant BIEN stipulée dans TOUTE la trilogie: elle est BRUNE, damned. Et Serafina Pekkala est BLONDE, c'est aussi marqué noir sur blanc. D'ailleurs, Nicole Kidman aurait été parfaite dans ce rôle (on va la glisser sous le tapis, celle-ci aussi).

Bref, une fois passés ces "menus" détails (qui constituent quand même une grosse partie du film), on arrive à l'histoire. Enfin, l'histoire... je devrais plutôt dire la purulente immondice architecturale qui sert d'excuse à la durée du film. L'action s'enchaîne à une allure effrénée, alors que toute la délicatesse du roman se situe dans ses moments de longueurs. Les dæmons ne sont que des meubles à poils et en synthèse. La fin n'est même pas la même que celle du premier tome, tout ça pour conserver une pseudo happy end hypocrite au possible. C'est de la poésie dramatique, "A la croisée des mondes", pas un conte merveilleux pour enfants sages.


Quoiqu'il en soit, ce film confirme bien que l'adaptation, sous toutes ses formes et sous tous ses sens, est à proscrire, sauf lorsqu'on a une bonne idée en tête et des scène tangibles et cohérentes.
Obole
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le 16 mars 2011

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Obole

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