Naufrage et népotisme

Largement oublié depuis sa sortie et son méga-bide commercial, "Swept Away" se targue tout de même régulièrement d'être le pire film de Guy Ritchie. Et ce n'est pas son récent rythme de travail stakhanoviste (presque 2 films par an depuis 2021) qui m'empêchera de découvrir cette tentative très maladroite...

Le début fait à peu près illusion. Une croisière de riches s'amorce entre la Grèce et l'Italie. Les seconds rôles sont classieux (Bruce Greenwood, Jeanne Tripplehorn, Elizabeth Banks). Et le montage se veut dynamique pour montrer les altercations entre une épouse infecte (Madonna) et un marin de gauche (Adriano Giannini), qu'elle humilie dès que possible.

Toutefois, rapidement cela s'effondre. La mise en scène s'assagit considérablement, voire devient très fade, si ce n'est le joli cadre méditerranéen. Et les deux protagonistes sont horribles, à travers une aventure où ils se retrouvent sur une île déserte, et où les rôles vont s'inverser.

Madonna joue à la fois très mal et à l'excès l'épouse atroce. Elle dépasse largement le point de non-retour, incarnant cette odieuse femme pendant près de 50 minutes, puis une carpette humaine quand les rôles s'échangent. Autrement dit, on n'a aucun attachement pour elle... et on se demande comment son époux à l'écran la supporte.

On peut s'interroger aussi sur ce qu'elle fait dans cette galère (et dans un emploi de comédienne). Il faut se rappeler que Guy Ritchie était à l'époque son mari ! D'ailleurs, elle avait joué en 2001 un rôle similaire dans le court-métrage publicitaire "The Hire - Star", dirigé par Ritchie également.

Adriano Giannini n'est pas particulièrement charismatique. Acteur eu début de carrière, je soupçonne qu'il a été recruté car il est le fils de Giancarlo Giannini. L'acteur principal du film italien de 1974 dont il s'agit en fait du remake.

Sur les thématiques, c'est du zéro pointé. Guy Ritchie gère très mal la transition dominant-dominé. Il y aurait eu moyen d'en faire une version romantique ou mignonne (façon "Overboard"). Là c'est surtout ennuyeux, voire malaisant par moment.

Idem sur l'aspect politique. Les mêmes idées seront traitées, en beaucoup mieux, dans "Triangle of Sadness" par Ruben Östlund. Ici, le côté "le capitaliste se retrouve chez les pauvres" est expédié en quelques lignes avec la subtilité d'une baleine.

Bref, un navet insipide, terriblement fade quand on sait que le précédent film de Ritchie était "Snatch" !