Sans handicapés, la vie serait moins drôle

Premier film des deux compères. Je l'ai déjà vu plusieurs fois et je ne m'en lasse pas. Toutefois, je me permets de relativiser ma note qui était trop enthousiaste.

Aaltra est un film social. Aaltra est une comédie. Les deux s'entrechoquent. Se cherchent. S'accouplent. C'est réussi. Au travers d'un scénario absurde (on connaît l'amour du duo pour le surréalisme surtout grâce à Avida), ils parviennent à traîter d'un sujet qui leur tient à coeur : les laisser pour compte. Ceux dont la société ne veut pas. Dans le fond c'est ce dont les bougres parlent toujours, d'un système de toutes façons défaillant et qui laisse couler les plus petits. Alors à chaque fois le constat est le même : les petits ne se laissent pas faire mais mordent la poussière. Enfin en tous cas ils n'obtiennent pas ce qu'ils cherchaient mais trouve un moyen de se réinsérer dans la machine comme Louise et Michel qui changent de sexe et trouvent le bonheur.

Le road movie est aussi souvent le moyen d'obtenir des résultats : un déplacement physique qui eprmet de présenter une brochette de cas sociaux, des gentils, des méchants, peu importe, on est tous dans le même bateau. Je pense maintenant à Mammuth. Enfin, ce monde violent et déchu ne peut être retrasncrit que par le punk. La seule musique du film (si j'ai bien écouté) arrive lorsque le duo assiste malgré lui à un concert punk. Là je pense à 'Le grand soir'.

En fait, c'est magique. Quand on revoit Aaltra maintenant, on se rend compte que TOUT est déjà là. Que les auteurs se contenteront de prendre un élément de ce film et de l'étirer pour en faire un autre. Même sur la forme, on a déjà ce découpage lent et absurde. Seule différence : c'est en noir et blanc. Mais ça les auteurs ont dit que c'était juste parce qu'ils avaient pas un rond. Je trouve aussi que la photographie est plus léchée dans ce film ci et dans Avida que dans les suivants.

Le scénario est donc pareil aux autres films des deux compères : deux éclopés qui veulent se battre. Les personnages sont réussis. Le film un peu lent. Les blagues fonctionnent très bien justement grâce à ce principe de lenteur absurde.

Pour ma part, Aaltra est une réussite qui se bonifie avec les années en constatant l'avancée de Delépine et de Kervern. Il y a encore quelques maladresses, sans doute Aaltra est il le film le plus brut (malgré la tentative d'y parvenir dans 'Le grand soir') et c'est ce qui fait tout son charme. Aaltra est petit mais on ne peut pas le rater, même de loin.
Fatpooper
8
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le 24 janv. 2013

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