Comme disait un de mes potes bistrotier : "j'ai tenu un bar tabac pendant trente cinq ans, Dieu sait si j'en ai entendu des conneries !" :
Qu'est-ce que j'ai pu lire comme âneries sur ce film et sur la musique des années soixante-dix !
Et mis à part les Carpenters presque inconnus en France, ils sont innombrables ce qui ont pu danser sur les tubes de ces stars dont les mêmes critiques reconnaissent qu'ils ont vendu des centaines de millions de disques...Tous adulés et jamais égalés...
Remettons les choses dans leur contexte : au-lendemain de la seconde guerre mondiale, on en était encore à l'âge (de la pierre) des disques 78 tours que lisaient des aiguilles de gramophones à pavillons repliés ou non, et fonctionnant sans prise de courant.
C'était nasillard, et la moindre raie sur le disque et sa lecture laissait entendre des "cloc, cloc, cloc (...)" à chaque tour ou pire, quand l'aiguille retombait en boucle dans le même sillon qu'elle venait de lire !
Et puis celui-ci s'encrassait très vite, et si on prenait la pochette d'emballage du mauvais côté, le disque chutait et éclatait inexorablement en mille morceaux... Mettant fin à sa postérité !
Mais quand dans le même temps on en était réduit à écouter l'unique station de TSF des postes de radio à galène sur écouteur, on s'en contentait. De plus ces disques étaient lourds, volumineux mais avaient le charme et le passé du temps jadis..
Heureusement pour la musique, Barclay, à l'époque chef d'orchestre, fit fortune en important des US les disques vinyle 33/ 45 tours dans les sixties. Dans le même temps, les enfants du baby-boom avaient envie de tout révolutionner, à commencer par le plus simple et à leur portée : la musique !
(jeu de mots involontaire)
Les sixties allaient envoyer en maison de retraite tous les vieux crooners d'avant-guerre ou ceux qui tentaient d'hériter de leur succession, comme et entre autres Gilbert Bécaud ! Allez-donc danser sur le disque de celui qui se baptisait "Monsieur 100 000 volts" et avait "piqué"a femme de Cloclo !
Les sixties furent donc une totale révolution musicale encouragée "grâce" à la guerre de 39/45, aussi étrange que ça puisse paraître...
Sans m'attarder sur le sujet, les liaisons radio étaient aussi nécessaires que les canons pendant la guerre et firent faire à la science électronique de prodigieux progrès. On inventa les lampes qui n'étaient pas destinées à l'éclairage, mais à augmenter la puissance des sons genre 6L6 et autres.
Et à la libération, d'immenses stocks de celles-ci étaient disponibles et tombaient à point nommé pour amplifier la voix, le son des anciens tourne-disques à pavillons,...
Jusqu'au jour où quelqu'un eut l'idée des guitares électriques, des basses, les batteries et autres saxophones issus du jazz venant s'ajouter à la liste des nouveaux instruments...
Les accordéons allaient accompagner eux-aussi les crooners au musée Grévin...
Les radios pirates anglaises (comme Radio Caroline, Radio London, etc...) firent beaucoup pour le lancement de ces chansons "de mabouls" (comme les appelaient les seniors de l'époque) avant d'être relayées par Europe 1, plus timidement par radio Luxembourg, et quasiment pas du tout par la radio nationale française...
Comme du reste la BBC en Angleterre, qui était en retard d'un train en ne relayant pas cette vague de nouveauté dont les Beatles étaient le symbole, sans même l'avoir espéré au début...
Les nouveaux instruments se multiplièrent en même temps que les sons nouveaux, même si certains claviers désormais sans cordes vous reproduisaient à merveille le son d'un Pleyel : à s'y méprendre...
Et c'est là que les seventies ont magnifié cette évolution musicale !
Ainsi que les possibilités de nouveaux sons qui s'offraient à eux : on allait même jusqu'à doubler les batteries, les claviers ou autres instruments pour permettre aux orchestres sur scène (j'ai horreur du mot "live") de recréer les trucages des studios genre re-recording comme l'expliquent les "Carpenters dans le film de Nicolas Maupied...
Au début, nombre de quartiers de villes avaient leurs petits orchestres animant bals, mariages, kermesses scolaires : la musique se démocratisait et point n'était même besoin de se compliquer la vie avec l'étude du solfège : on jouait à l'oreille et on répétait jusqu'à connaître et jouer la mélodie par coeur et en groupe...
Mais en même temps, se basant pour beaucoup sur les Beatles qui en dehors de leur excentricité travaillaient énormément à la composition de leur musique, aux répétitions, la profession de chanteur évoluant pour atteindre le plus-que -parfait des années soixante-dix qui auront été l'aboutissement, l'apothéose de cette nouvelle ère de la musique...
Avec de grands auteurs compositeurs dont William Sheller, (My year is a day) John Lennon, Mc Cartney...Polnareff mais tellement d'autres...
Toute une industrie était née autour de cette vague yé-yé venue d'Outre-Atlantique créant et défaisant les fortunes financières...
Quand on nous montre les stars de ces époques, leur fortune, les jolies filles, leurs grosses Rolls, on ne voit que la partie émergée de l'iceberg. Bien souvent, elles payaient très cher une vie harassante de tournées, et Eric Burdon le créateur de "House of the Rising Sun" du groupe "The Animals et ayant composé ce succès interplanétaire négligeant de surveiller ses droits d'auteur, se fit arnaquer. Si bien que chaque fois qu'il chantait cette chanson, c'est un autre membre du groupe qui touchait les royalties.
De plus, imprésarii et marques de disques ne laissaient aux chanteurs que des poussières issues des ventes de disques : seuls les auteurs compositeurs s'en sortaient mieux financièrement...
Tous ces préalables pour expliquer que la vie des Abba, Bee Gees, et autres Carpenters que Nicolas Maupied nous dévoile ici a dû être très loin d'un long fleuve tranquille.
Je ne connais pas ce réalisateur mais probablement a-t-il créé ce film en fonction de ses connaissances, car je n'ai vu qu'un rapport entre eux : ils ne chantaient pas en "solo"...
Et ils cultivaient tous le perfectionnisme et le souci de présenter au public le meilleur d'eux-mêmes, car peu de groupes ont survécu dans leur composition d'origine. Pourtant, le film de Maupied m'a beaucoup plu. J'avais gardé un temps l'enregistrement d'origine de ce documentaire mais disparu de mon stock. (merci Bouygues) Je l'ai revu avec intérêt...
Je n'ai que sur le tard découvert les "Carpenters" frère et soeur,qui n'ont pas rencontré le succès en France : leur vie a carrément été cannibalisée par leur métier, ou par les substances chimiques pour tenir le coup : la jolie Karen Carpenter qui outre chanteuse excellait à la batterie, vivait encore à 25 ans chez ses parents narre Pétula Clark qui la connaissait bien. Mais Karen est décédée anorexique à l'âge de 33 ans... ce que ne dit pas le documentaire... Sans avoir vraiment vécu ?
C'est Petula qui conte aussi que Presley ayant reconnu dans la salle les deux chanteuses, les avait fait monter sur scène pour les présenter et les faire applaudir du public... Plus tard, il leur faisait comprendre que toutes les deux l'intéressaient pour ce que vous aurez deviné...
Le même souci du travail impeccable était le fait des frères Bee Gees à la voix de fausset inimitable, bien que Maupied nous fasse la démonstration ici du contraire !
Un trio formé dès leur plus jeune âge et qui ne se disloqua jamais jusqu'à la mort : seul survit en 2022 Barry Gibbs...
Quant à Abba, nul n'est prophète en son pays et on apprend que la Suède ne leur déroulait pas le tapis rouge....
Alors, pourquoi Maupied les a-t-il regroupés dans ce film ? Peut-être parce qu'ils chantaient en groupe, et sauf Abba, en famille ?
Certes, les duos existaient depuis les soeurs Etienne au-lendemain de la guerre... Puis vinrent les Everly Brothers, Simon and Garfunkel, moins connus Bill and Buster au slow paradisiaque...
On apprend que les vocalises à deux ou plusieurs sont plus faciles quand on est issu de la même souche familiale... Surtout quand on doit se passer des artifices qu'utilisent les studios...
On surfe donc ainsi d'un groupe à l'autre au travers d'un étrange labyrinthe formé par Maupied dans lequel on ne s'ennuie pas une seconde et se demandant où est la sortie...
L'apothéose de cette histoire de la mutation de la musique sera pour moi l'avènement des Pink Floyd et de leur génial créateur Roger Waters, dont le groupe a continué son évolution sans lui, grâce à David Gilmour, illustre auteur-compositeur qui est encore vivant en 2022... Il a su marier la musique à la lumière et à la vidéo
Mais c'est une autre histoire !
Ce retour dans les années 70 m'a rajeuni !


la trois (RTBF) le 08.04.2022

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le 12 avr. 2022

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