Nous connaissons Jill Culton et Todd Wilderman pour leur implication en arrière-plan des « Rebelles de la Forêt », « Les Croods » ou encore « En Route ! ». Mais le passage, ou retour, à la mise en scène se fait sentir, au prix de nombreux sacrifices techniques et narratifs. Le projet bénéficie d’un élan, réconforté par le studio chinois de Dreamworks, afin de donner un nouveau souffle à la culture asiatique, très peu à la portée des plus jeunes. Le film s’engage donc à conquérir les cœurs de tous et de proposer une aventure chaleureuse, aux côtés d’une créature mythique et d’adolescents en quête de croissance et de reconnaissance.


Difficile de ne pas penser à Spielberg et sa créature, ayant trouvé le réconfort auprès d’un Elliot, prêt à tout pour le ramener chez lui. Mais à la différence de l’influence Américaine, ce film dépeint un paysage en hauteur, vert et agité. Et au centre de l’épidémie technologique qui caractérise grossièrement l’enfant d’aujourd’hui, nous avons un Yéti en liberté. Everest, ainsi le nomme-t-on pour ne pas oublier la trajectoire d’un récit qui s’éparpille parfois dans le rocambolesque, pour ne pas dire magie gratuite. Car oui, n’oublions pas qu’il s’agit d’un conte rempli de fantaisie et de poésie. L’émotion est au cœur même d’une intrigue qui développe une amitié hors du commun, mais qui laisse de temps en temps le spectateur dans son siège, lui qui souhaite plus que d’observer.


On le comprend rapidement, malgré les images somptueuses, la mise en scène manque d’originalité, tout comme les transitions visant à faire avancer une intrigue qui freine trop brusquement pour qu’on profite du voyage. La beauté n’est qu’en filigrane. Il n’y a que les instants avec la jeune Yi et son stradivarius que l’on prend le temps d’apprécier, mais là encore, sans creuser dans l’innovation. Les astuces scénaristiques se répètent souvent et les personnages entourant l’adolescente troublée, peinent à évoluer dans l’environnement ouvert qu’on leur offre. La liberté n’est pas donnée à tous. Yi a du mal à se fondre sans la masse et à accepter l’instinct grégaire de la société contemporaine. Sans le soutien familial, elle se referme sur une évasion qui la hante. Et c’est en palpant la maladresse et le risque qu’on la découvre courageuse, forte, mais sensible, ce qui nous rapproche d’elle, contrairement aux autres personnages poilus ou non.


Il y aura tout de même beaucoup de regrets dans les enjeux écologiques, car rien ne peut surprendre. L’humour reste sur ses bases, laissant paraître une bonne alchimie entre les enfants et Everest, mais sans son air expressif, il sera compliqué d’apprécier sa part bestiale, quasi absente du récit. C’est bien lui la première victime du film, sans compter les parents laissés sur le carreau, sans qu’ils puissent être utiles où créatifs dans un univers ou les enfants sont clairement loin d’être autonomes. Quant à l’apprentissage de la culture asiatique, passer un premier acte banal mais nécessaire, nous constatons que « Abominable » ne peut rien offrir de plus que des promesses et passe à côté d’une émotion plus sincère et subtile, là où Dragons et compagnie nous ont habitué au meilleur.

Cinememories
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le 1 nov. 2019

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