Chapeau haut de forme et vestes en cuir
Après s'être fait prophète en son pays grâce à son diptyque Nightwatch/Daywatch, Timur Bekmambetov s'est surtout fait connaitre dans nos vertes contrées grâce à Wanted, un film d'action dans lequel Angelina Jolie nous expliquait que oui, bien sûr, on pouvait donner aux balles une trajectoire courbe, bande de petits ignares.
Le russe revient aujourd'hui sur le devant de la scène en adaptant le dernier chef d'oeuvre littéraire de Seth Grahame-Smith (à qui on devait déjà le méconnu Orgueil et préjugés et zombies) dans lequel, comme son nom l'indique, le 16ème président des Etats-Unis doit se dresser contre une horde de suceurs de sang.
Avec un titre pareil, on était en droit de s'attendre à un film, certes, assez peu cérébral, mais doté d'un second degré de bon aloi qui en ferait la nouvelle vedette de nos soirées films-que-l'on-assume-pas-d'aimer. C'est ici loin d'être le cas, le réalisateur nous pondant une oeuvre bien trop premier degré pour être appréciée à sa juste valeur. Entre des angles de caméra improbables, des ralentis à faire pleurer Léonidas et une utilisation abusive de filtres baignant la pellicule d'une ambiance tantôt bleue, tantôt verdâtre, tantôt gris sale. Et pour couronner le tout, histoire de faire un peu plus "film d'auteur", une belle tentative de nimber l'image d'un flou gaussien du plus bel effet.
Navrant dans sa mise en scène, le film l'est également dans son déroulement. On passera volontiers sur toutes les incohérences du récit et les facilités scénaristiques, pas sur la mollesse d'une histoire qui se résume vite à un enchaînement de séquences souvent creuses, entrecoupé d'ellipses. Un faux rythme qui fait retomber rapidement le peu de tension ressenti durant un premier tiers finalement pas si mauvais, pour peu que l'on soit prêt à pardonner un certain nombre de points négatifs. Le premier desquels étant Benjamin Walker, futur président ayant moins de charisme que son chapeau haut de forme.
Trop ambitieux, trop ennuyeux, trop grandiloquent et, surtout, trop premier degré, Abraham Lincoln passe à côté de son statut de divertissement de l'été.