Au risque de décevoir ceux qui comme moi voudraient voir le film en raison de la présence de David Bowie, la jaquette du DVD allant même jusqu'à laisser croire qu'il tiendrait sinon le premier rôle au moins un rôle majeur, sachez qu'il en est rien, sa participation se limitant à la chanson servant pour les génériques de début et de fin qui donne le titre au film et à une apparition qui ne doit pas excéder dix minutes incluant une séquence de danse fortement inspirée d'une chorégraphie de Fred Astaire.


Une fois ceci établit je vais pouvoir m'atteler à donner mon impression, globalement pas convaincue sur le film.


Si dans un premier temps le postulat du film musical - à ne pas confondre avec la comédie musicale, la différence étant dans le fait que le premier est un film parlé où des séquences de musiques et de danses viennent illustrer le propos, la seconde tout est chanté - m'accroche et m'excite, je suis très vite ennuyé.


Pourquoi ? Parce que jamais le film ne parvient à dépasser l'impression d'un clip musical formaté pour MTV.


Je m'explique. Julien TEMPLE est un réalisateur de clips qui a travaillé avec les plus grands noms de la scène rock et pop des années 80, il a aussi réalisé des documentaires sur certaines scènes musicales comme le punk et il exporte ici tout son savoir faire indiscutable dans ce projet mais qui se révèle réduit voire réducteur pour le format du film narratif.


Le film traite de l'émancipation d'une génération par rapport à celle de ses ainés, quelque chose d'universel et qui se répète systématiquement, mais il aborde aussi divers sujets, la récupération par des personnes cyniques et opportunistes de ces mouvements qui régulièrement viennent bousculer l'ordre en place pour ouvrir de nouveaux horizons de créativité mais aussi de progrès sociétaux, ainsi un publicitaire, un producteur de musique ou un créateur de mode seront les pivots de cette antienne. Le film aborde aussi des sujets comme la gentrification des quartiers populaires et la propension de ceux qui ont intérêt à cela à monter les gens entre eux, opposant blancs et noirs dans une répétition malsaine des maux de l'histoire.


Malheureusement aucun thème n'est approfondi, le film se contente de poser des éléments et de passer à autre chose laissant un désagréable sentiment d'inachevé. Comme si Julien Temple s'était appliqué à uniquement travaillé sa réalisation, alors certes de ce côté l'ensemble est plus que satisfaisant, les séquences de danses sont fabuleuses, la bande originale qui mélange jazz et rythmes afro cubains est extrêmement satisfaisante, le mélange d'éléments anachroniques dans la direction artistique qui mêle avec une certaine insolence les couleurs, textures et détails issus des années 80 avec des choses appartenant aux années 50 s'il peut sembler osé se révèle d'une impressionnante pertinence.


Mais encore une fois la paresse ou la non envie du film d'approfondir et développer ses sujets et de juste les survoler, même habillés des meilleurs idées, me laisse totalement en dehors et ne suffisent pas à faire de cet essai autre chose qu'un long, un trop long clip.


Dommage.

Créée

le 8 juin 2023

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