Une carrière cinématographique, on le sait, tient à peu de choses. Un bon gros succès inattendu ou un vilain bide et tout est changé. Quand Carl Weathers est sollicité par Joel Silver pour tenir le premier rôle de ce film d’action, il s’est fait la main dans Rocky et Predator, et coche plutôt les bonnes cases pour incarner un de ces acteurs de films d’action typiques des années 1980. Mais, pas de bol pour lui, Action Jackson est un bide critique et commercial qui met quasiment fin à sa carrière d’acteur sur grand écran. Dommage car Carl Weathers a plutôt la tête de l’emploi et la musculature qui va bien avec. Le contexte est, en outre, plutôt favorable avec une distribution solide (Craig T. Nelson en salaud de service, Bill Duke en capitaine bougon, et des rôles féminins aux petits oignons), Herbie Hancock et Michael Kamen à la musique et Joel Silver à la production qui a franchement un sacré flair dans ces années 1980.
Mais Action Jackson échoue là où ont justement réussi les 48 heures, Predator, L'Arme fatale ou autre Piège de cristal. Et difficile d’incriminer Carl Weathers. Le souci principal du film vient de son scénario basique, de son manque de séquences marquantes et d’un réalisateur pas assez expérimenté pour donner du corps à l’ensemble. Par conséquent, outre ses scènes bourrées d’explosifs, le résultat ressemble à un téléfilm passe-partout qui recycle des idées vues cent fois ailleurs dans des productions largement supérieures. Action Jackson est simplement ce flic rentre-dedans qui, sur la base de son flair, démolit tout sur son passage pour faire triompher la justice. C’est vraiment bas du front et loin d’être aussi novateur que les titres précédemment cités.
Pas étonnant dans ces conditions que le film n’ait pas trouvé son public. Les années 1980 ont été assez riches dans ce domaine et les amateurs d’action ont été abondamment servis dans des productions vraiment de qualité. On a le sentiment ici que Joel Silver ait seulement misé sur son casting pour décrocher le jackpot. Une démarche évidemment insuffisante pour viser juste, un scénario mieux construit, des rôles et des dialogues plus aboutis auraient certainement aidé à la réussite de l’entreprise. Ce n’est pas totalement mauvais, c’est même regardable, mais c’est très insuffisant pour rivaliser avec les meilleurs titres de l’époque. Dommage pour Carl Weathers qui méritait mieux.