J’en sors. Je viens de voir Ad Astra et je n’ai absolument aucun mot lorsque j’écris ces mots. Une impression très étrange et paradoxale. Il s’agit sûrement d’une sorte de virus spatial, car aussi ressentis à la sortie du film de Christopher Nolan. Cependant, pour ce cas, on pouvait parler de suffocation ; j’étais en sanglots pendant au moins 10 minutes après être sortie de la salle, sans pouvoir dire un mot, pas un. Une sensation d’être submergé par quelque chose que je ne maîtrise pas et que je ne maîtriserai jamais. Comme épris par une sorte de choc, qui instinctivement et visuellement pourrait être mis en parallèle avec une crise de panique. Interstellar m’a marqué à vie, et pourtant il ne figure que sixième sur la liste de mes films préférés, alors qu’objectivement, je n’ai jamais ressenti d’émotions aussi intenses devant un film, voir tout court. J’ai mis longtemps avant de pouvoir parler de ça, mettre des mots là où seules mes pensées pouvaient interagir avec cet événement et les souvenirs que j’en gardais. C’est avec ce recul bien nécessaire que j’ai compris que le récit, et ses composantes (dialogues, montage, fin…), n’étaient pas moins responsable de mon état que la réalisation en elle-même. J’ai compris que ce qui m’impressionnait à m’en tétaniser, était l’accomplissement de ce film. C’était le cinéphile, qui connait 2001, Jodorowsky’s Dune, Star Wars, Gravity, Apollo 13, qui se vante de savoir ce que le cinéma peut faire avec l’espace, comment l’appréhender, le filmer, qui prétend avoir une idée de ce qui est faisable et comment ; c’est cette facette de moi qui s’est pris un immeuble dessus sans se rendre compte une seule seconde d’où cela venait, sans comprendre comment et de quoi cela était fait. Je viens de me prendre une piqûre de cette sensation, un rappel à ce que je veux faire de ma vie, à ce que je porte comme amour au seul art qui me transporte comme rien d’autre dans ma vie serra capable de le faire. Ad Astra, je suis sans doute actuellement le pire pour l’analyser, mais je ressens quelque chose d’indescriptible. Les images font sens pour moi, cette odyssée silencieuse et étouffé aux allures d'un bateau s’enfonçant dans la jungle d'Apocalypse Now, me laisse encore et sûrement pour toujours, sans mots.

LeoB84
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le 18 sept. 2019

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Léo Brandazzi

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