Brad Pitt est parfait en astronaute neurasthénique. Comme le pauvre Thomas Pesquet, il s’ennuie dans son travail de maintenance sur une ISS oversized. Quand soudain ! Il fait une vilaine chute façon Felix Baumgartner ! A la différence de l’allemand dopé au Red Bull, Brad n’a rien ressenti, aucune adrénaline, il nous le dit en off. Il est dark.
De retour sur Terre et après un rapide passage à l’hosto, Brad croise sa régulière, Lyv Tyler toute gonflée des babines. Ils se regardent comme dans les films d’Antonioni.
Dans ce futur proche, il y a des coupures de courant. Rien à voir avec les Gilets Jaunes. Godzilla n’est pas dans le coup itou.
C’est le papa de Brad, le toujours sympathique Tommy Lee J., qui se met à faire des siennes tout près de Saturne en lançant des éclairs sur la terre façon Z comme Zorglub dans les aventures de Spirou et Fantasio. Brrrr…
Brad est un militaire et il est corporate. Si un Général avec de belles lunettes en écaille Oliver’s People lui demande de parler à Papa, il s’exécute. Il va dire quelques mots à son Papa.
Et là c’est un peu comme dans un livre de Guy Corneau Père manquant, fils manqué aux éditions J’ai Lu. Si Brad est plongé dans cet état végétatif c’est à cause de l’absence de Papa. Tout est de sa faute. Mais pas un mot sur maman. Motus.

Première escale, La lune ! On décolle façon 2001 : l’odyssée de l’espace avec des passagers aussi tristes que les usagers de la ligne U du Transilien.
Brad décolle dans une fusée maousse qui emporte 5 personnes. C’est 3 places de gagnées par rapport au programme Apollo et c’est déjà bien. Brad est accompagné d’une sorte de coach joué par Donald Sutherland toujours impeccable malgré ses 85 ans. Il a toujours sa cascade de cheveux ultra doux de Garnier dont tout le monde est jaloux. Au lieu de se reposer dans un EPAHD, il fait le fou fou dans l’espace avec Brad.

La Lune dans un futur proche selon James Gray ? C’est Rosny 2 ou les 4 temps en plus sale avec beaucoup de marques connues comme DHL. Mais pas le temps de retirer leur colis Amazon Prime, ils filent dans des rover. Ce sont ceux de la mission Apollo 15 parce qu’après tout on a pas fait mieux depuis.

Brad et Donald étaient partis l’esprit léger pour un petit rally en buggy direction : une autre fusée qui les conduit vers Mars. La progression est ultra lente comme dans l’Odyssée d’Homère mais sans les aventures avec le Cyclope.
Non c’est pas le poète grec qui aurait pensé aux « pirates de l’espace » qui leur tirent dessus comme s’ils étaient dans le désert du Yemen !
Tout le monde meurt et les pirates n’ont pas le temps de leur piquer leurs montres Oméga.
Il fait un saut de la mort avec le Rover pour se retrouver à l’abri sur la face cachée de la Lune pendant que des avions de chasse lancent leurs bombes/napalm/Vietnam. Brad jette un dernier coup d’œil en arrière. Terminé les vilains méchants.
Ils étaient partis à 18, les voilà tout juste 2. Ça ne semble pas trop perturber les militaires qui les accueillent sur le pas de tir. A ce moment précis, Donald accuse le coup, il est faible et décide de filer une clé USB en carton recyclé à Brad.
Notre astronaute mutique abandonne le vieux sur son banc. Nouveau voyage dans une fusée plus grosse, plus chère que la première en compagnie d’un équipage de buddies. Ils sont tous un peu potes, ils se font des blagues avant le décollage. Ils sont impressionnés, Brad is in Da Place ! Ils ne savent pas que Brad est en mission secrète (Parler à Papa). Brad s’isole et sur son IPhone 27, il voit son Papa gloomy. Tout seul dans sa station géante. Aurait-il tué ses compagnons ? Sûrement. Tous les pères mythiques sont des meurtriers c’est une évidence.
Quand Brad revient des toilettes, le capitaine a décidé de répondre à un appel de détresse. Depuis Alien tout le monde sait qu’on ne répond pas à un signal bizarre parce que ça tourne mal à chaque fois. Mais pas le capitaine, il n’a toujours pas vu le coffret 6 films de Ridley Scott en version director’s cut.
Et ce qui devait arriver arriva. Brad part en expédition avec le capitaine pour explorer le vaisseau en perdition. Petite séquence gore avec d’amusants babouins cannibales sous MDMA. Le film vrille. Nous n'en sommes qu’à la 45ème minute ! Brad survit mais pas le capitaine. L’équipe est down. Le sous-commandant est atone, il ne va pas assurer l’atterrissage. Brad est obligé de passer en manuel façon Neil Armstrong. Mais c’est pas un petit LEM en aluminium qu’il doit poser sur mars mais plutôt une fusée de 130 000 tonnes qui n’arrête pas de penduler comme le métronome de Lorànt Deutsch. Malgré sa dépression et ses angoisses métaphysiques, Brad réussit à poser le truc droit comme un piquet ! Le sous-commandant a fait dans son slip, il lui demande même de faire les dernières manœuvres sur le parking, il a honte de ne pas avoir été à la hauteur.
Les survivants sont accueillis dans la bonne humeur par une femme qui fait des petites blagues à chacun. Aucun mot sur le capitaine qui s’est fait bouffer le bout du nez.
Brad croise alors une black sapée comme jamais en Azzedine Alaïa qui la conduit au bout d’un couloir quand un homme avec les cheveux attachés façon styliste reprend la main pour l'emmener dans son studio son perso afin qu'il enregistre des messages pour papa.
A partir de ce moment il est possible de zapper certaines séquences pénibles pour retrouver Brad en train de grimper dans une autre fusée (encore !) toujours plus grosse en passant pas les égouts. Tandis que les boosters délivrent leur poussée habituelle de 1400 tonnes au décollage, Brad ouvre un petit sas et se faufile dans la fusée comme une petite souris. Inutile de préciser que l’équipage trouve ça relou ! Tel Jésus, Brad leur assure qu’il vient en paix, qu’ils ont besoin de lui pour terrasser méchant Papa. Mais le crew de buddies ne veut rien entendre, il y a baston en apesanteur. Et Brad ça le fatigue puisque c’est Gandhi mais comme personne ne veut rien entendre, il tue tout le monde et s’en va voir son papa tout seul comme un grand.
Terminons par le climax qui rejoint au panthéon des rencontres ratées avec les papa le nauséeux Star Wars : le réveil de la Force en beaucoup plus long.

Papa pique ! Il ne s’est pas rasé depuis au moins 2 mois. On touche pas trop Papa ! Même après plusieurs milliards de kilomètres, on ne s’embrasse pas et on respecte les gestes barrières ! Papa est triste, si triste. Il n’a pas trouvé un seul signe de vie aux confins de la galaxie. Il a pris des photos super chouette en 14K mais circulez, il n’y a rien à voir ! Brad comprend sa déception. Il faut sauver Papa ! On ira faire un bowling, viens avec moi, supplie Brad. Alors le père de Brad se laisse convaincre comme un petit vieux au rayon bricolage du BHV mais on voit bien que le cœur n’y est pas.
Papa est brisé mais se laisse faire lorsque Brad lui enfile sa combi comme un auxiliaire de vie à la Pension des Mimosas.
Le film se terminerait-il sur une note positive comme Apocalypse Now ? Que Nenni ! Alors que Brad tente de rejoindre tant bien que mal le vaisseau retour. Papa décide de jouer au YoYo dans l’espace. Brad tire sur le YoYo et après de brèves retrouvailles, il abandonne PapaYoYo dans le vide façon Stanley Kubrick (encore et toujours). Et Brad rentre sur Terre tel Lucky Lucke. Au final il n’aura pas tout perdu puisqu’après un rapide passage à l’hosto, il retrouve Lyv dans un café 100% organic.
I will live and love déclare t-il à son enregistreur portable avec IA intégrée.
Ad Astra reste une grosse margarinade émotionnelle. Merci quand même à l’équipe des 1500 programmeurs hindous pour les images. Signe des temps ? La perspective est vide. On souffre littéralement de voir des êtres désincarnés nous signifier avec insistance qu’il n’y a rien ailleurs et qu’il faut cultiver notre jardin sur Terre comme Voltaire nous l’avait dit il y a…261 ans. La boucle est bouclée. Adieu l’Espace, adieu l’aventure !

mauriceronet
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le 8 sept. 2020

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Maurice  Ronet

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