Fade Astra
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le 20 sept. 2019
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Commençons par défricher pour éviter les malentendus qui peuvent amener certains d'entre nous (moi y compris) à passer 2 plombes à s'ennuyer ferme devant ce film :
- Ad astra n'est pas un film de science fiction
- Ad astra n'est pas un film d'action se déroulant dans l'espace
- Ad astra n'est pas un film d'anticipation
Ad astra se veut un film de RÉFLEXION, presque aussi chiant que 2001 ou First contact réunis, mais à des années-lumière d'un Interstellar, utilisant la SF comme moyen, comme véhicule dirais-je même pour tenter de faire l'esprit, comme espace scénographique, ajouterais-je pour continuer à en faire, pour déployer son, ou plutôt ses questionnement(s). Questionnements qui portent sur :
1. Où allons-nous, ou plutôt, pourquoi cherchons-nous à aller ailleurs, sachant (présupposé du film) qu'on est très bien sur terre et que les autres planètes, la Lune, Mars et Neptune en particulier, sont totalement nulles, bourrées de terroristes, et particulièrement déprimantes à vivre, au point de faire du plus grand astronaute de tous les temps un dangereux criminel ?
2. Pourquoi rechercher la solitude dans une fuite intersidérale éperdue, quand il ne faudrait qu'apprendre à vivre et à aimer son prochain et dans le cas de Brad Pitt sa prochaine, au nom du père et du fils et du saint esprit amen ?
Du coup, en tant que prétendant au genre "réflexion", le film en adopte à peu près tous les codes actuels : voix off nous dispensant de bribes de phrases dont l'assemblage est supposé amener à la réflexion, musique vide omniprésente de type séance de yoga crépusculaire post-chamanique, supposée nous amener au questionnement sur la réflexion, scénario mêlant des références psychanalytiques supposées apporter de la profondeur à la supposée réflexion, etc.
Du coup, l'ambiance du film se veut lente, pesante presque, silencieuse un peu comme un cours de psychanalyse ou un happening de Joseph Beuys, ponctuée de séquences de vide galactique où la voix off de Bradd Pitt vient nous murmurer ses doutes existentiels jusqu'aux fins fonds de notre conscience.
Tout le film est d'ailleurs centré sur Brad Pitt et ses questionnements. Les autres rôles s'effacent en général très vite tout au long de l'histoire, en général au sans propre plutôt qu'au figuré car la plupart se font dégommer, quand ils ne prennent pas la poudre d'escampette comme Donald Sutherland.
Les 2-3 scènes d'action, sans rapport aucun avec le fil du scénario et frisant l'absurde
Comme la scène dans le vaisseau attaqué par des singes apparemment contaminés par un genre de virus de la rage : on n'en saura pas plus, Bradd Pitt se contente de se tirer fissa du vaisseau, sans demander son reste, et personne n'ira enquêter ou chercher à voir de quoi il retourne. On cherche pas à comprendre. On reprend la route direction Mars, première à droite, deuxième à gauche, point.
Ou encore comme l'attaque des terroristes sur la Lune. Brad Pitt part pour une mission ultra-importante, ultra top secrète, il doit passer dans une zone ultra-dangereuse, remplie de vilains terroristes, et c'est tout juste s'ils n'y vont pas en short-espadrille en sirotant un coca... Véhicule open-bar, sans aucune protection, sans aucun armement, juste un flingue tout juste bon pour effrayer une vieille et son caniche, et bien entendu aucun garde du corps.
Les 2-3 scènes d'action disais-je donc, sont placées à des moments clés pour s'assurer seulement que les spectateurs ne dorment pas TOUT le long du film et ne fassent une syncope. Mais leur intérêt dans le déroulement de l'histoire est proche, si ce n'est confondu, avec l'infini galactique.
Les explications pseudo scientifiques sont totalement déconnectées de toute logique un tant soit peu scientifique, et ne prennent même pas la peine de tenter de s'en approcher : le film s'ouvre avec un drame où des astronautes tombent littéralement sur terre quand ils sont supposés être hors attraction terrestre, ils sont victimes d'une "surcharge" dont on ne saura rien sur le fonctionnement, juste qu'il faut la détruire à coup d'ogives nucléaires (j'aurais été plus proche de penser que balancer des charges nucléaires dans une surcharge ça n'avait rien de bon, voire n'aurait fait que la décupler, mais apparemment, non), mais cela importe peu, car encore une fois, ce n'est pas le sujet du film. La SF ne sert que de décor, à la manière de celui des théâtres anciens, grossièrement irréalistes dont le seul but était d'offrir un espace coloré dans lequel se déroulait une tragédie.
Mais alors, pourquoi tant nous vendre de la science-fiction à grand renfort d'affiche SF, de bande annonce SF et d'effets spéciaux si c'est pour ne pas en faire ?
Seule planche à laquelle se raccrocher dans ce naufrage intergalactique : la photographie, très bien travaillée, et qui en met, heureusement, plein la vue, de même que les effets spéciaux, qui apportent du réalisme à cette histoire, et font regretter encore plus amèrement ce qu'est ce film au regard de ce qu'il aurait pu être.
Créée
le 7 mai 2025
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