Fable tatin

Anders Thomas Jensen réalise une farce dérangeante au surréalisme et à l'humour noir assumé. On y découvre un prêtre dans le déni incapable de voir le mal qui dirige une petite communauté de repris de justice, distillant sermons radicaux et conseils incongrus. Bourré de références religieuses que le réalisateur prend un malin plaisir à détourner, le film traite de la rédemption, de la morale, de l'intolérance et de la place de l’humain dans une société malade.

Pour souligner son traitement des problèmes par l’absurde, le film est servi par une ambiance surréaliste, aux couleurs verdâtres et brûlées, malsaines, et aux cadrages et compostions qui rabaissent souvent les protagonistes, peccadilles face aux éléments. Mads Mikkeslen est à la fois attachant et exalté, on ne sait jamais où il va nous embarquer de scène en scène, provoquant ainsi des décalages parfois hilarant (comme le coup des biscuits). Face à lui, Ulrich Thomsen offre une prestation plus nuancée pour son personnage de neonazi dans le doute, acceptant progressivement d’ouvrir son cœur et d’enrichir ses émotions.

Dans une géniale inversion des rôles, le neonazi et le violeur kleptomane s’attachent et cherchent à tout prix à sauver leur prêtre déconnecté de la réalité. Si l’humour déjanté ne fait pas toujours mouche, où que certaines situations se répètent, le film, sans imposer de morale ou de résolution, amène à se questionner sur l’ensemble des thèmes qu’il aborde, y compris les relations houleuses d’un pays avec son passé.