Quelle joie de redécouvrir cette délicieuse comédie de Bruno Podalydès. Le cinéaste français suit avec ce film sorti en 2012 son bout de chemin unique fait de légèreté, de profondeur, de banlieues parisiennes, de magie, de gags décalés et où l’on prend son temps.
Mémé est morte. Berthe n'est plus. Armand avait "un peu" oublié sa grand-mère… Pharmacien, il travaille avec sa femme Hélène à Chatou. Dans un tiroir de médicaments, Armand cache ses accessoires de magie car il prépare en secret un tour pour l'anniversaire de la fille… de son amante Alix. Et mémé dans tout ça ? On l'enterre ou on l'incinère ? Qui était Berthe ?
‘Adieu Berthe’ est un film sur l’indécision. Choisir entre sa femme et sa maîtresse ? Entre son fils et la fille de sa maîtresse ? Quitter le domicile ou rester ? Incinérer Mémé ou l’enterrer ? Quelle pompe funèbre choisir ? Armand a la quarantaine, est au carrefour de sa vie et semble incapable de la moindre décision. La fin du film, très belle, ne tranche pas.
‘Adieu Berthe’ est aussi un film sur le pas de côté, thème central de la plupart des films de Bruno Podalydès (au choix ‘Comme un avion’). On s’échappe de son quotidien morne, on fuit son emmerdante belle-mère en trottinette électrique, le temps d’une jolie balade à vélo avec sa femme. A la vie terne en banlieue parisienne, Bruno Podalydès y oppose une escapade assez bucolique dans une maison de retraite. Il règne tout au long du film une douce poésie faîte entre autres de tours de magie.
Comme toujours, Bruno Podalydès moque avec élégance la modernité abrutissante de l’époque (les start-ups dans ‘Les deux Alfred’ ou les agences immobilières dans ‘Waouh !’). Ici, le cinéaste s’amuse du Business du deuil avec ses deux pompes funèbres diamétralement opposées. D’un côté « Définitif » et son slogan impayable (« Avec Définitif, c’est définitif »). De l’autre « Obsécool » et sa non moins impayable devise (« Hop, c’est fait. C’est cool »). Sinon, le réalisateur rit de la place envahissante des portables et insère de manière très originale et très drôle les textos à l’écran.
L’une des grandes qualités de Podalydès, en tant que réalisateur de comédies, c’est son sens du gag décalé. Par exemple, sa satire des pompes funèbres déjà évoquée, des dialogues à base de pif, paf, pouf pour évoquer le décès de la grand-mère ou par exemple, la mère qui accueille sa fille en soutien-gorge culotte sous son tablier. Toujours dans cette idée du sens de l’à côté, on croise dans ce film une jolie brochette de personnage avec pêle-mêle : une belle-mère envahissante, un père qui a Alzheimer, une pleureuse tactile dans un cimetière, deux petits vieux ou un croque-mort sinistre.
Ce qui fait la joie du spectateur, c’est le casting du film, génial. Denis Podalydès est excellent comme toujours. Valérie Lemercier trouve ici sans doute l’un de ses meilleurs rôles. Elle est bien sûr très drôle notamment lors d’une séquence de pétage de durite dans un cimetière mais pour une fois, un cinéaste lui offre un personnage qui a de la profondeur, qu’elle exprime d’ailleurs très bien. Catherine Hiegel est une redoutable belle doche. Et puis il y a Isabelle Candelier, comédienne récurrente des films de Podalydès, souvent cantonnée à des seconds rôles au cinéma ou à la télévision. Elle apporte une jolie touche d’émotion dans le rôle de l’épouse.