J'ai appris la date de la bataille de Waterloo. (C'était la petite chose utile du film, merci.)
Il y a certains films comme ça qui vous attire par le casting. Après tout c'est rare de voir deux gros noms du cinéma de deux nations différentes attirer toute l'attention dans un même film. On en a eu, certes, des français rencontrer des britaniques, ne serait-ce que dans les James Bond, mais aurait-on pu avoir plus belle affiche que Alain Delon contre Charles Bronson ? C'est comme ci aujourd'hui on nous servait un Christian Bale contre Vincent Cassel qui est, pour moi, avec ma plus grande des objectivités, reste l'acteur français le plus respectable et réputé actuellement même si je suis loin d'être un grand fan de celui qui incarne la bête dans le naufrage "La belle se fait prendre par la bête", à moins que je n'ai pas vu le bon film. Le premier en revanche, reste le plus grand acteur du 21ème siècle, tu l'as sens ma grosse objectivité ? Bref, Charles et Alain dans le même film, c'était aussi inespéré que d'avoir un Pape qui ne soit pas mêlé de près ou de loin à certains trafics d'enfants. Et nous l'avons eu ! Pas le pape, le film.

Stoppons la politique et les blagues vaseuses, et passons au film. Au FILM devrais-je dire, car quand des titans de l'écran se retrouvent face à face, on peut parler de monument historique. Et quel film ? Quel impact aura eu "Adieu l'ami" sur le cinéma français et même américain, par delà ses scènes de combats irréprochables, son casting en or, ses musiques à couper le souffle (et par conséquent l'envie de vivre), son scénario dur de l'oreille comme Deferre, cette enquête incroyable, son suspens céleste, sa mise en scène délicieuse et tout à fait charmante ? Est-ce que ce film d'une grandeur sans limite a-t-il eu la parfaite reconnaissance qu'il méritait ? Et qu'est-ce qu'il méritait ? Rien. Stoppons ici le sarcasme facile et les quolibets enfantins. Puisque ce qui est vendu comme un face à face, à savoir " l'un veut remplir le coffre, l'autre veut le vider ", ce qui nous laisse présager de longues minutes de tension entre Bronson et Delon, se résume à une franche camaraderie sympathique et vénielle, creuse, totalement vide, terne, inconsistante, futile, dérisoire, anodine, totalement inutile.

Le film est composé d'une première partie absolument lassante, où l'on nous sert des passages d'une inutilité flagrante, où l'on nous installe nos personnages de façon quasi-aléatoire et bancale, nos personnages sont remplis de vide, on le sent déjà à plein nez, rien ne fera d'eux des personnalités dont nous nous rappellerons après la fin du générique (et quel générique !), et aussitôt le film achevé, on ne se souvient déjà plus du prénom, du caractère, des ambitions des personnages. Ils ne sont personne. E voilà que l'on passe trente-cinq longues minutes à s'intéresser à des gens qui ne nous intéressent pas. Et ça, j'ose vous le demander … est-ce bien raisonnable ? (dixit Desproges). Une fois arrivé le moment même du casse, on obtient un léger moment de tension, notre intérêt s'éveille, mais cela ne nous empêchera pas de tergiverser entre la décision de rire un bon coup des combats à coup de manchette et de bond en avant ou à vraiment nous intéresser à l'intrigue qui se dessine. Mais dès lors qu'à lieu la grande évasion (ellipse volontaire sur le seul passage intéressant du film), nous replongeons dans une monotonie profonde, profonde, profonde, et l'enquête de notre bon vieux policier n'arrivera pas à nous tirer de notre indifférence.

Je le vois déjà aujourd'hui, finir ma triste vie, face à l'écran ici, je meurs et je languis. (Oui, quand je m'emmerde profondément, il m'arrive d'improviser quelques alexandrins). Et quelle ne fût pas ma surprise quand je découvris que le pire m'attendait ? Oui, je suis passé outre les scènes d'action lamentables et nauséeuses, oui, je suis passé au-delà d'un Bronson doublé par Popeck, je suis passé par-dessus le suspens nase qui se résume à un seul moment : " Va-t-il faire déborder le contenu de son verre avec ses pièces ? ", mais je ne peux pas laisser passer le jeu d'actrice pitoyable de cette pouffiasse grimée et amorphe, et par-dessus tout, cette voix qui est pire que le pire des cauchemars. Elle retentit dans ma tête, hypnotisant anesthésique. Jamais je n'ai pu ingurgiter pareil somnifère que cette voix abattue. Et j'ai presque joui lorsque Delon lui envoie une mandale en pleine gueule. La justice se salit parfois les mains.

Aussi, je ne peux pas penser à attribuer une bonne note à ce film grâce à sa fin, car s'il y a bien quelque chose que l'on retient d'un film, c'est son dénouement (quand il est existant). Là, j'ai rarement vu une fin aussi brutale et inutile. Entendons nous bien, par brutale je veux dire inadaptée, mal amenée, totalement ratée. Et je ne parle pas de la toute fin où Delon nous lâche un YEAAAAAAAAAAH inexpliqué. Avec tout le sérieux du monde, je dirai que le manque de suspens et d'un bon scénario surtout handicape grandement le film. Les actrices également. Et le manque de budget sans doute aussi. Ce film est indigne de ces deux acteurs qui ont leur renommée, Bronson et Delon ont tous les deux sorties de belles merdes indigestes mais ce n'est pas pour autant qu'ils ne nous ont pas bluffés dans plus de films. Si la seconde partie peut être intéressante, elle est quasiment éclipsée par le début et la fin qui nous fera bailler plus de fois que devant l'interminable film de BHL dont NON, je ne citerai pas le nom maudit.

Bon Film :) YEAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !
P-D
4
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le 4 mars 2014

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P-D

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