Du poulet au menu
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le 6 févr. 2017
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Le "Guiomar-et-Tornade" est un excellent outil pour repérer un film français des années 70. Le Julien et le Pierre ont traversé tellement d'écrans dans ces années-là, souvent comme ici dans des rôles, pour le premier, de patron plutôt veule, pour le second d'assez veule sous-chef. Excellents comédiens au demeurant comme Lanoux, Brosset, Françoise Brion et ô combien Claude Rich tous au générique de cet "Adieu Poulet", autour, on y arrive, de Ventura et Dewaere, en 1975 valeur sûre et grand espoir, réunis sans doute sur l'affiche par un producteur avisé.
Aussi 70's que les pantalons patte d'éph' et les cravates en laine, voici un flic Don Quichotte (Ventura aidé par Dewaere) en croisade contre un politicien ignoble, ses hommes de main et une hiérarchie policière complice. On n'est pas loin du "tous pourris". Certes l'époque connaissait de bien croustillantes affaires et "Adieu Poulet" est tiré d'un tragique fait divers. Mais avec un scénario écrit à gros traits, qui ne raconte pas grand-chose de la complexité des situations et des personnes, aucune dénonciation réelle n'est possible.
Surtout avec un héros improbable: Ventura dans son rôle de commissaire, comme Delon et Belmondo dans d'autres films, a pour seul défaut de n'avoir que des qualités: droiture, honnêteté, loyauté… Loin de son contemporain Eastwood, inspecteur Harry, dont l'ambiguïté, la complexité ne nuisaient pourtant en rien au divertissement proposé. (Mais a-t-on vu d'ailleurs une fois Ventura jouer un rôle de tordu ?)
Certes l'ambition de dénoncer, ou pour le moins de témoigner se respire d'un bout à l'autre du film, mais on marche avec de trop gros sabots. Pire: les outrances nuisent aussi au divertissement pur. Et on se prend à ne plus voir que les grosses ficelles du scénario, le cabotinage habilement masqué de Ventura, l'installation de quelques trucs de comédien qui deviendront légèrement récurrents chez Dewaere.
Il reste que l'union de ces deux-là fonctionne. Quelques scènes entre eux, bien écrites et bien filmées, nous gardent l'œil ouvert. Bien venue aussi l'inversion d'un schéma classique des psychologies: ici le quinquagénaire est rebelle et le junior est revenu de tout. Comme quoi tout n'est pas caricatural dans ce film.
"Adieu Poulet" a connu un grand succès à sa sortie. Après deux ou trois visionnages, ma mémoire avait dicté la note de 7. J'en suis désormais à 5.
Malgré Ventura-Dewaere. Car dans le même registre de parrainage, on peut trouver bien supérieures l'aura et la patine de "Un singe en hiver" (Gabin-Belmondo) ou de "Mélodie en sous-sol" (Gabin-Delon).
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le 20 déc. 2014
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