Un film d’horreur avec un titre pareil, on sait d’entrée de jeu qu’on ne va pas être devant un chef d’œuvre du 7ème art. Mais on se dit aussi que s’il y a un peu de sang et des boobs, c’est toujours ça de gagné, années 80 obligent. Mais lorsqu’on voit le réalisateur, David A. Prior, il y a malgré tout de quoi prendre peur car, hormis son chef d’œuvre Ultime Combat, nanar ultime s’il en est, le bougre a quand même essentiellement œuvré dans le bon gros navet obscur de série B voire Z. Trouvable également sous les titres Killer Workout (titre original) ou Aerobicide (titre alternatif), Aerobic Killer va donc mettre scène un serial killer dans une salle de sports où on dispense des cours d’aérobic. Original non ? Et alors, c’était bien ? Pas vraiment. En gros, c’est nul, mais on rigole, et c’est déjà ça !


Le début du film annonce la couleur. 3min13, un plan boobs gratuit. 4min30, une station de bronzage qui prend feu alors que miss nichons est à l’intérieur, le tout sur une musique typique des années 80 dès le générique. De la bonne pop-rock au synthé façon Footlosse, Dirty Dancing et consort. Voilà qui commence bien ! J’ai l’impression que le film va me donner ce que j’étais venu chercher. Aerobic Killer ne perd pas de temps et le premier meurtre arrive très vite façon hommage à Psychose (1960). Un meurtre dans une douche dans lequel notre tueur va assassiner sa victime à coup de… épingle à nourrice géante ! Oui, des meurtres à l’épingle à nourrice géante, ce n’est pas commun mais c’est surtout l’occasion de piquer un bon fou rire nerveux devant le côté grotesque de la chose. Un micro jet de sang par-ci, un micro jet de sang par-là. Oui, c’est ridicule mais bien nanar. On a quand même un petit égorgement au couteau en demi hors champ, un coup d’haltère dans la tête complètement hors champ, mais on finit toujours par revenir au meurtre à l’épingle à nourrice. De mémoire, je crois que je n’ai jamais vu de procédé aussi ridicule. Soit le tueur est un spécialiste de l’anatomie humaine et sait où viser au millimètre près, soit les victimes sont vraiment très fragiles pour décéder après trois ou quatre piqûres de cet engin. Je vous jure, c’est juste improbable, surtout que par épingle à nourrice « géante », il faut entendre par là qu’elle fait à tout casser dix bons centimètres. En plus, David A. Prior, également scénariste, semble être fier de sa trouvaille puisqu’il consacre à la bête divers gros plans. Sincèrement, je crois que je serais plus dangereux armé d’une cuisse de poulet. Mais malgré tout, il en fait des dégâts notre tueur à l’épingle à nourrice, et le bodycount du film est plutôt élevé bien que les scènes de meurtre soient plus ridicules qu’effrayantes. Comme le dit si bien le personnage du policier : « Je commence à être à court de sacs mortuaires ».


Par contre, là où Aerobic Killer se montre finalement assez avare, c’est en termes de boobs. Avec un titre pareil, on aurait pu s’attendre une avalanche de tétons, à des boobs par camion-citerne. Il y en a hein, je rassure les amateurs, mais en quantité trop peu suffisante. Le film se rattrape en nous balançant à la gueule un grand nombre de cours d’aérobic qui sont comme des interludes entre deux meurtres. Des séances d’aérobic pleines de jolies filles qui bougent leur popotin, avec des plans souvent très… suggestifs, et des tenues d’aérobic où on a été à fond dans l’économie de tissu. Entendez par là qu’on aura du décolleté jusqu’au nombril et du simili string derrière. Ah ben il faut ce qu’il faut hein. Mais que la gente féminine se rassure (pour peu que ce genre de film puisse l’intéresser, ce dont je doute), on a également de beaux mâles bodybuildés qui vont s’affronter, tels des combats de coqs, pour savoir qui aura les faveurs de ces dames dans des scènes de baston improbables façon kung fu du pauvre. En même temps, vu le talent d’acteur de l’ensemble du casting, il ne fallait pas trop leur en demander. Ah ça c’est sûr qu’ils n’allaient pas gagner l’oscar du meilleur acteur car en plus d’une direction d‘acteur qui semble aux fraises, on peut saluer l’absence d’une once de talent chez eux. On a dû leur dire d’être en roue libre, ils sont en roue libre. De toute façon, ils sont là pour crever à grand coup d’épingle à nourrice, on s’en fout qu’ils jouent bien. Puis on s’en fout qu’ils crèvent de toute façon. David A. Prior ne sait pas développer un minimum ses personnages. Il ne sait pas non plus mettre en scène en même temps. Sa réalisation est plate. Mais d’une platitude vraiment plate vous voyez. Absolument aucun effort. Ça sent le tournage rapide pour faire du pognon rapide en vidéo club.


Ce n’est vraiment pas bon, mais heureusement, le potentiel nanar de la bobine est bien là. Déjà, visuellement, aucun doute, on est dans les années 80. Et rien que ça, ça donne un cachet particulier aux mauvais films sympathiques. Tenues multicolores, coupes de cheveux folles où le brushing règne en maitre, c’est un régal pour les yeux pour qui sait apprécier le mauvais goût de cette époque. Aerobic Killer se fout de toute logique et on ne compte plus le nombre de scènes simplement absurdes, voire bien nanars. On nage en pleine débilité en termes d’incohérences. Il y a une demi-douzaine de meurtres dans le club, mais celui-ci reste ouvert. On a droit au tueur le plus discret du monde, capable d’assassiner par de multiples piqûres des gens sans que les gens dans les pièces d’à côté se soient alarmés de la situation. Ha la police des années 80. Des gars futés les mecs. Des gars comme on en fait plus, toujours avec un train de retard sans jamais de remise en question. Et ces pintades qui, trois secondes après avoir découvert un cadavre, retournent lever la gambette en rythme comme s’il ne s’était rien passé. Un peu de compassion, c’est la figurante numéro 3 qui vient de décéder dans d’atroces souffrances, merde ! Et puis il y a Ted Prior, le frère du réalisateur, blondinet à la fausse beauté discutable qui brille à chacune de ses apparitions par son absence totale de charisme. Et puis merde quoi, un tueur qui dézingue de l’aérobiqueuse en tenue lycra moulante avec une épingle à nourrice de 10cm, c’est pas une idée à la con bien nanar ça ? A mon avis, le scénario a été écrit un soir de beuverie dans un club de strip-tease, je ne vois que ça.


Whodunnit pas très haletant, rempli d’acteurs qui ne savent pas jouer, doté d‘une réalisation plate et d’un quota de boobs rachitique, Aerobic Killer se rattrape néanmoins par des moments nanars pas piqués des hannetons. Nul mais rigolo.


Critique originale avec anecdotes et images : DarkSideReviews.com

cherycok
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le 14 sept. 2021

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