Les portes s’ouvrent sur une brume épaisse et blanche. Des silhouettes apparaissent et rentrent dans l’enceinte du bâtiment, il s’agit de défunts rentrant au purgatoire. Le scénario de After Life sort de l’ordinaire puisqu’il nous emmène dans une période de la vie généralement non exploitée par les réalisateurs : la mort, ou tout du moins ce qui se trouve après la mort.

D’abord, le purgatoire c’est comme chez le toubib, tu attends ton tour dans une salle prévue à cet effet pour un entretien avec un des « employés » exerçant le métier bien particulier de réalisateur de l’au-delà. Des employés dont Hirokazu Kore-eda livre un portrait qui se veut ordinaire, ce n’est pas parce qu’eux aussi sont morts qu’ils n’ont pas gardé leurs habitudes. Ainsi, on sourira en les voyant discuter de leurs « clients » ou de leurs lectures actuelles.

Les entretiens sont sans folie, bien réalisés avec quelques très beaux plans mais sans extravagance, après tout, ce sont des êtres humains lambda qui parlent. Leur enchaînement va d’ailleurs selon moi s’avérer être l’un des défauts du film, il est difficile de s’accrocher aux récits des défunts.

Cette difficulté provient à mon humble avis du caractère anecdotique que peut avoir un souvenir. Sorti de leur contexte, sorti de l’histoire des personnages, ces souvenirs ne sont que des fragments de vie et on ne sait pas toujours ce qui se passe avant et après ce qui a pour effet de ne pas susciter beaucoup d’intérêt.

La seconde parti du film consistant en la réalisation des souvenirs est vraiment bien rendue. On reste dans le même environnement, des décors qui rappellent un peu l’univers urbain de Zerkalo avec de gros bâtiments aux longues fenêtres, les murs recouverts de lierre grimpant. Tout semble grinçant et vieillissant.

Pour conclure, After Life est bien sympa si on oublie que l’ambiance au purgatoire n’est pas la même qu'en boîte et qu’on ne s’y amuse pas autant. Le film reste une belle preuve que le cinéma peut être un redoutable outil de mémoire, que l’art lui-même peut se substituer à la réalité.
Deleuze
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le 12 juin 2013

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