Enchaîner ce titre après Little Forest est sacrément rude et rejoint ce que je disais sur la trop grande propension des coréens à faire compliqué quand on peut (doit) faire simple. Ainsi, après une première moitié que j'ai beaucoup aimé, le film n'en finit plus d'égarer le spectateur derrière une surenchère de noirceur, de rajouts inutiles et comportements alambiqués, sur fond de perversité sadique.
L'histoire n'en avait pourtant pas besoin vu les thèmes mises en place et la grande tension qui découle de cette première moitié : le poids de la culpabilité, la naissance de la sexualité, le besoin de trouver un responsable, l'impossibilité de se reconstruire. Il y a de nombreuses séquences fortes, remuantes voire bouleversantes, menées par une main de maître dans un style implacable issu d'un jeune cinéaste qui signe son premier long-métrage. La cérémonie chamane suivie de la tentative de suicide dans les toilettes est impressionnante d'un poids étouffant comme les premiers moments du réveil à l’hôpital où résonnent une douleur et une incompréhension désespérantes. Le cinéaste porte un regard sans concession sur son pays entre des adultes insensibles (qu'ils soient profs, directeurs, parents ou policiers) et des élèves qui ne vivent que par les mouvements de foules.
Mais cette fable vénéneuse sur le remord ne tient malheureusement pas toutes ses promesses, malgré une interprétation magistrale.
Le film sort le 21 novembre en France. C'est à la fois une sortie à encourager car c'est toujours audacieux de sortir un premier film coréen en salle (qui ne manque quoiqu'il en soit pas de qualité) mais c'est aussi un peu frustrant de se dire que ça risque d'alimenter le sentiment général que les coréens ne font que des films misanthropes et torturés.