Film réflexif et bourgeois.
Décidément, Guadagnino prouve deux choses avec son nouveau film. La première on la connaissait déjà un peu et il la confirme ici : c’est son don de versatilité, de cinéaste caméléon qui sait passer...
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il y a 5 jours
Décidément, Guadagnino prouve deux choses avec son nouveau film. La première on la connaissait déjà un peu et il la confirme ici : c’est son don de versatilité, de cinéaste caméléon qui sait passer du film romantique (le chef-d’œuvre « Call me by your name » ou le très cool « Challengers », eux-mêmes très différents dans leur approche puisque le premier était plus dramatique tandis que le second était plus léger) au film d’horreur (le surprenant et marquant remake de « Suspiria » ou le plus poétique et tout aussi réussi « Bones and all »). Il nous avait davantage décontenancé (et déçu) l’an passé avec « Queer » et son couple gay au Mexique dans les années 50 qui expérimentait les trips hallucinatoires. Il revient en forme avec « After the Hunt » et investit cette fois le terrain du suspense psychologique à thèse et débats sur des sujets de société brûlants. Le seconde chose est décidément la rapidité, voire le rythme presque stakhanoviste, auquel il propose des films. Le cinéaste italien semble tourner plus vite que son ombre puisque « Challengers » date d’avril dernier et que « Queer » était sorti en début d’année. Le principal c’est que cela n’altère en rien la qualité, l’originalité et la diversité de sa filmographie en faisant l’un des auteurs les plus passionnants du cinéma contemporain international.
Commençons par les défauts qui nuisent à l’appréciation complète de « After the Hunt ». Ils sont peu nombreux mais notables. Le principal est que le script abuse peut-être des joutes verbales et cérébrales de ces personnages intellos. Les séquences sont souvent passionnantes mais certains dialogues sont ampoulés et peut-être trop ténus sans rien apporter de substantiel aux sujets du film. Le film dure près de deux heures et demie mais il parvient à ne pas ennuyer. Mieux, il passionne au vu des thématiques investies mais il y a une demi-douzaine d’échanges qui auraient pu être remisés au montage. Ensuite, on peut reprocher cela à pas mal d’œuvres mais le fait de situer (encore) ce film intello et réflexif dans un contexte non pas bourgeois mais de nantis et d’universitaires richissimes pourra en lasser plus d’un. Comme si les castes les plus aisées avaient le monopole de ce genre de débats même s’il faut avouer qu’ici cela nourrit l’intrigue et les enjeux moraux.
On ne va pas se mentir, le long-métrage de Guadagnino ne plaira pas à tout le monde par son côté éminemment réflexif. Il fait aussi le choix de débattre avec ferveur des sujets ô combien abrasifs que sont les agressions sexuelles, leur instrumentalisation, la méritocratie, l’inclusivité et le wokisme ou encore la cancel culture.... Et de ne pas donner son avis. Il jette en pâture au spectateur tous ces thèmes et donnent à chacun raison (ou pas) mais c’est à nous de décider ce que l’on pense. Lâche ou malin? On penchera pour la seconde option tant selon les sensibilités de chacun, cela pourrait nuire à l’appréciation de « After the hunt ». On avoue qu’on aurait aimé une conclusion moins ouverte et en suspens mais c’est la résultante de ce choix.
Le casting est royal et, après « Le monde après nous », Julia Roberts fait un retour en grâce aux films sérieux avec prestation de qualité à la clé. La mise en scène de Guadagnino est chic et soignée, il ose pas mal de choses tout en restant accessible. Les plans sur les mains et les gestes en général en disent beaucoup et la musique en mode horloge a tout son intérêt, notamment dans le prologue. Durant tout le film, on s’interroge sur le versant du suspense, quelques rebondissements viennent nous surprendre mais c’est surtout notre morale, nos convictions et nos acquis qui sont chamboulés et qui nous remuent. Peu probable que le film fasse changer d’avis les spectateurs sur lesdits sujets mais il a le mérite de poser une réflexion. Le genre de long-métrage rugueux et épais comme on en voit malheureusement de moins en moins.
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il y a 5 jours
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