Alad'mieux (mais pas génial non plus faut pas déconner)

Alors tout d'abord : pour moi ce film mérite 5. Mais je mets 6 uniquement pour la faire apparaître en "critique positive".

Alad'2 est un film moyen. Ni mauvais, ni vraiment bon, ni mémorable (pour de bonnes ou de mauvaises raisons). Déjà, il est meilleur que le premier - mais vous me direz que ce n'était pas dur en même temps de faire mieux. Soit.

C'est ni plus ni moins qu'un film popcorn qui arrivera à faire rigoler les gamins, et même peut être arracher quelques rires à un public plus âgé. Mais on est loin de la "honte pour le cinéma français" que les critiques cinéma ont tendance à clamer depuis la diffusion des avant-premières. Franchement, y a eu pire, nettement pire - mais autant aller dans le détail.

Attention, spoilers (pas tant pour le scénar - plus pour les ressorts comiques du film). Du coup ne les dévoilez pas, sinon ça va faire comme pour la bande-annonce : la scène sera drôle mais vous connaissez la chute.

Comme le premier épisode, le film se déroule dans une mise en abyme scénaristique, où une histoire est racontée dans une autre, ce qui permet une totale liberté sous prétexte que c'est un personnage qui la raconte à sa sauce. Ici, Sam (le personnage "réel" joué par Kev Adams) s'est fait larguer par sa copine Sofia qu'il avait réussi à conquérir à la fin du premier film. Décidé à empêcher son mariage avec son nouveau mec à Marrakech, il prend l'avion mais, terrorisé par ce moyen de transport, il n'a qu'un seul moyen d'ignorer sa peur : raconter une nouvelle aventure d'Aladin à son voisin de siège, et à l'hôtesse de l'air chargé de le calmer.

Très rapidement, l'histoire d'Aladin va se diviser en 2 : le duo Kev Adams/Eric Judor, et le duo Jamel Debbouze/Vanessa Guide, qui sera par la suite rejoint par le deuxième génie de l'histoire, incarné par Ramzy Bedia. Forcément, la réunion de l'équipe de H pouvait faire saliver sur le papier, mais dans un projet comme celui-là, y avait de quoi refroidir. Du coup parlons de suite de ce qui fait une comédie ou ce qui la défait : les moments comiques.

Le film est avant tout une succession de sketchs, car le film reste assez prévisible dans son déroulement sans aucune surprise. Du coup, tout dépend si les sketchs sont réussis ou pas. Et au départ, ça part bien mal, avec des blagues qui se prennent un plat dans la piscine bien violent. Mais l'arrivée de Jamel et des génies vont heureusement relever le niveau. Deux scènes me reviennent en tête :

Ces deux scènes fonctionnent très bien, et j'ai bien ri.

Mais le film va plus loin et décide d'utiliser son pouvoir de faire n'importe quoi dans l'univers à fond. Les scènes anachroniques, accompagnées de guests, sont juste géniales. C'est simple :

Et j'ai éclaté de rire. C'était tellement con. Mais tellement génial.

Le film se permet même d'utiliser quelque chose d'apparemment anodin comme un vrai fusil de Tchekhov comique. Je ne plaisante pas ! Et même, cerise sur le gâteau, le film se permet même de se foutre de la gueule du premier film. Franchement, le scénariste a compris ce que cet univers pouvait permettre, et ne pas juste faire des blagues pipi/caca. Après voilà, ça tombe bien ou ça tombe à plat, mais pour le coup, j'ai nettement plus ri dans cette comédie que dans d'autres films cette année.

Concernant les acteurs et la réalisation, je pense que Lionel Steketee a fait un bien meilleur travail qu'Arthur Benzaquen. Il dirige mieux ses acteurs, même si, il faut l'avouer, Kev fait du Kev, Jamel fait du Jamel, Eric fait du Eric, et Ramzy fait du Ramzy. Cela dit, on sent quand même une bonne évolution dans le jeu de Vanessa Guide. Et au final, il y a une alchimie entre ces personnages qui fonctionne. Kev et Eric fonctionnent très bien ensemble, tandis que le trio Jamel/Vanessa/Ramzy parvient à fonctionner (sans être parfait non plus). Il y a cela dit assez peu de personnages secondaires, le film mettant plus l'accent sur les guests. Et la réalisation, sans être non plus incroyable, a quand même le mérite d'offrir de très beaux plans, des effets spéciaux pas trop dégueulasses et des scènes de combat et de cascades assez bien filmées (même si un poil trop coupées). Le film est loin d'être désagréable à regarder. Cela dit la bande-son reste assez discrète et les chansons du film sont plus malaisantes qu'autre chose.

Au final, je pense pas qu'Alad'2 mérite son "titre" de pire film de l'année. Il sait être drôle, il a un humour qui ne va pas plaire à tout le monde. Mais d'un autre côté il cherche quand même une petite ambition, plutôt que de faire une simple comédie de boulevard issu d'une pièce de théâtre. Il met un peu les moyens, et s'est efforcé de corriger les erreurs du premier volet. Il se permet même de se moquer de lui, sans pour autant le renier - après tout ce ne sera pas un film qui cherchera à plaire aux haters. Après tout, le premier épisode a marché d'un point de vue financier, du coup pourquoi changer la formule pour plaire à des gens qui n'iront pas le voir de toute façon.

Je ne pense pas que c'est un film que je reverrai au cinéma, car il n'en vaut pas tellement la peine. Cela étant dit, je n'ai pas passé un mauvais moment, et si quelqu'un a apprécié le premier épisode, je peux lui recommander. En dehors de ça, c'est clair que ça ne sera pas la tasse de thé de tout le monde, l'humour ne vole pas haut. Mais j'ai vu bien pire. J'ai vu mieux. On est loin du honteux. Et puis bon, sur le public qu'il vise, l'humour fonctionne. Il est moins vulgaire et moins polémique que le premier, et il assume ce qu'il est : un Aladin absurde et anachronique. Pour le meilleur, comme pour le pire.