Aladdin
7.5
Aladdin

Long-métrage d'animation de John Musker et Ron Clements (1992)

Ca manque peut-être d'un cordonnier tout ça

C'est à partir de "Aladdin" que je commence à avoir un rapport conflictuel avec certains grands classiques Disney une fois à l'âge adulte, alors que je les adorais de manière inconditionnelle dans mon enfance.


Ne vous méprenez pas, j'en garde un très bon souvenir.


C'est toujours aussi beau d'un point de vue esthétique, notamment dans les teintes de couleur du ciel. Il y a beaucoup de rythme, on s'ennuie rarement, tant les péripéties rencontrées par nos héros sont variées, notamment dans les lieux visités.
Puis il y a quelque chose de quasiment musical dans le rythme et les dialogues des personnages, mais c'est probablement dû en partie au fait que je connaisse le film quasi par coeur. Il y a néanmoins une fluidité qui fait s'envoler le temps en regardant le film, c'est certain.


Mine de rien, il y a aussi quelques prouesses techniques, comme l'animation du tapis volant, rendu tellement vivant et expressif, qu'il faut simplement s'incliner devant un tel talent. Puis la poursuite en tapis volant dans la caverne aux merveilles, le combat final contre Jafar, le vol romantique avec Jasmine... Oui, il y a définitivement un aspect dynamique et "grandiose" dans ce film.


Puis les chansons évidemment, c'est la période du règne quasi absolu d'Alan Menken, qui a commencé en fanfare avec "La Petite Sirène" et qui se terminera avec "Hercules". Le registre est moins varié que dans d'autres long-métrages du studio, et la musique met surtout en valeur et en évidence l'aspect "magique" de l'univers, ainsi que le fun qui se dégage du génie. C'est néanmoins efficace et les numéros musicaux restent facilement en mémoire, mais le tout se fait clairement plus discret que dans "La petite sirène" et "La Belle et la Bête".
Difficile de ne pas mentionner le génie évidemment, personnage tellement haut-en-couleur et marquant par son doublage par Robin Williams, et qui est assez unique dans l'univers Disney.


Il y a donc pas mal de réussites dans ce grand classique.


Mais voilà, c'est un peu... basique ? Il n'y a pas grand chose de vraiment consistant à un niveau émotionnel. On passe un bon moment, mais ça reste assez gentil quand même, voire un peu superficiel. C'est quand même un film où un garçon pauvre utilise des pouvoirs infinis pour se faire passer pour ce qu'il n'est pas, juste afin de draguer une fille avec qui il a parlé 5 minutes après l'avoir sauvée sur un marché. C'est assez gênant quand il dit qu'elle "drôle et intelligente" notamment. Comment est-ce qu'il pourrait savoir, franchement ? Surtout que pour l'intelligence, on repassera, quand elle semble surprise qu'il faut payer ses fruits au marché...
C'est clairement une des romances les moins touchantes/crédibles dans les Disney de l'âge d'or, en tout cas la plus précipitée.


Puis pour un "diamant d'innocence", Aladdin passe une bonne partie du film à mentir à Jasmine (et à tout le monde en fait), et ça la met assez mal, surtout qu'il veut exactement la même chose que tous les autres prétendants quelque part, en tout cas il a eu autant d'interaction avec elle, voire moins. Puis il a bizarrement un cas de conscience au niveau de l'honnêteté quand il apprend qu'il va devenir sultan un jour en épousant Jasmine, un peu incompréhensible, en tout cas c'est mal amené. Puis je ne comprends pas ce qu'il craint en relâchant le génie. Si il perdait son statut de prince après la libération, d'accord, mais c'est à priori permanent qu'il est prince après son voeu, donc je ne comprends pas trop son cas de conscience. Ou alors, les pouvoirs du génie, c'est vraiment de l'arnaque. C'est à-priori le cas quand le génie veut refaire le voeu de faire de lui un prince après le combat contre Jafar. Ou bien le sorcier avait le pouvoir d'effacer les voeux du génie ? Je sais pas, ça n'a pas vraiment de sens...


Puis le voeu de Jafar, pourquoi est-ce que en devenant sultan, il déplace le palais tout en haut d'une montagne et de travers (ça n'a pas l'air très stable) ? Je n'ai jamais compris la raison, à part pour avoir l'air méchant... Puis quel gaspillage de ne pas directement demander de devenir le plus puissant sorcier de l'univers, qui semble bien plus intéressant que de devenir sultan. C'est vraiment juste pour arriver rapidement au dernier voeu avant la transformation en génie maléfique.


Puis le personnage débile et ventripotent du sultan, simplement insupportable, le fait qu'Aladdin ne pense qu'à sa pomme et ses désirs égoïstes (alors que c'est sous-entendu que c'est une personne qui pense aux autres), le fait que Jasmine soit à la fois trop naïve et en même temps super déterminée, la romance hyper bancale et assez artificielle...
Puis question philosophique, vaut-il mieux être le génie le plus puissant de la terre ou le sorcier le plus puissant de l'univers ? L'univers, c'est quand même beaucoup plus vaste que la terre... Et puis pourquoi est-ce que tout redevient normal quand Jafar est enfermé dans la lampe ?


Pourquoi, pourquoi, pourquoi... Mes questionnements sont sans fin, tant l'univers de ce film présente des trous de cohérence.


Voilà le coeur de mon problème avec ce revisionnage et avec "Aladdin" en général. Pour peu qu'on creuse un peu au-delà de l'aspect "aventure" et "conte de fées" de l'histoire, il y a beaucoup trop de failles de raisonnements et de narration qui apparaissent, aussi bien dans le caractère des personnages que dans la logique des actions, et qui m'empêchent de garder un souvenir aussi fort qu'avec "La Belle et La Bête" ou "La Petite Sirène", par exemple.


Il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'une jolie aventure, très agréable à suivre, mais qui n'invite pas à une seconde lecture ou à une réflexion quelconque, à part pour en souligner l'absence. Un film qui s'apprécie à un niveau un peu superficiel, et c'est une petite déception à ce niveau, même si il est très efficace dans son exécution globale.

Créée

le 22 avr. 2020

Critique lue 130 fois

2 j'aime

Therru_babayaga

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