Aladdin
7.5
Aladdin

Long-métrage d'animation de John Musker et Ron Clements (1992)

Prince Ali, Sa Seigneurie, Ali Ababoua !!!


Oh nuits d'Arabie,
Mille et une folies.
Insomnie d'amour,
Plus chaude à minuit
Qu'au soleil, en plein jour !
Oh nuits d'Arabie,
Au parfum de velours.
Pour le fou qui se perd,
Au cœur du désert,
Fatal est l'amour !

Gardez les bras et les mains à l’intérieur du tapis et c’est partiiiiiiiiiiii !


Dès l'introduction, nous sommes happé dans l’immensité d’un désert brûlant où le vent soulève les vagues de sable comme une mer d’or en mouvement. De cette étendue incandescente surgit un marchand ambulant chevauchant son dromadaire. Ce n’est nul autre qu’un colporteur énigmatique, à la fois drôle et malicieux. Avec sa voix théâtrale et enroulée, il nous entraîne dans son récit : « Salaam ! Je vous souhaite le bonsoir, noble ami ! Approchez ! Approchez ! Venez plus près. Ouch… Trop près, un peu trop près ! Voilà ! Bienvenue à Agrabah ! Cité de la magie noire, de l'enchantement !… Et des plus belles marchandises du Jourdain ! En solde, aujourd'hui ! Profitez-en ! Regardez ! Oui ! Un combiné narguilé et cafetière, qui fait aussi des pommes de terre frites ! Incassable ! Incassa… Cassé. Ohhh !!! Regardez ! C'est la première fois que j'en vois un aussi bien conservé. C'est le célèbre Tupperware de la Mer Morte. Ecoutez ! "Proutt !" Ha ! Il fonctionne. Attendez une seconde ! Je vois que vous ne vous intéressez qu’aux objets exceptionnellement rares. Il me semble avoir ici de quoi faire votre bonheur… Voyez ! Ne vous laissez pas rebuter par son apparente banalité, comme tant d’autres choses ce n’est pas ce qu’il y a à l’extérieur, mais ce qu’il y a à l’intérieur qui compte. Ce n’est pas n’importe quelle lampe ! Elle a même changée le cours de la vie d’un jeune homme. Et ce jeune homme tout comme cette lampe valait beaucoup plus qu’on ne l’estimait. Un diamant d’innocence. Je vous raconte cette histoire ? Elle commence par une nuit noire où l’on découvre un homme en noir, nourrissant de noirs desseins. » Un enjôleur très efficace qui nous motive à regarder en affirmant que Aladdin sera une histoire porteuse de trésors cachés et de merveilles à découvrir. Une entrée en matière originale, agissant comme une lampe magique qu’on frotte pour faire surgir l’Orient des Mille et une nuits, et justement, c'est tout le propos.


En effet, le film Aladdin se présente telle une légende murmurée au détour d’un conte oriental, ayant la capacité de traverser les âges sans jamais ternir son éclat. Réalisé par le duo enchanteur John Musker et Ron Clements, Aladdin se dresse comme l’un des sommets impérissables de l’écurie Disney. L’aventure s’ouvre sur les ruelles grouillantes d’Agrabah, avant de nous aspirer dans la terrifiante Caverne aux Merveilles, pour finalement nous projeter au cœur même du palais royal. Tout cela prend forme grâce à une mise en scène vive, fluide et inspirée, avec des séquences qui s’enchaînent avec une énergie folle qui ne laisse jamais retomber le souffle. Musker et Clements, épaulés par une véritable armée de scénaristes et d’artistes talentueux come Terry Rossio, Ted Elliott, Ed Gombert, Roger Allers, Chris Sanders et tant d’autres, ont façonné un récit palpitant, complet, généreux, et universel, peuplé de personnages savoureux dont les interactions tissent une fresque vibrante. C'est au cœur de cette épopée qu'on découvre le jeune Aladdin, le fameux "diamant d’innocence". Un gamin des rues crève la faim aussi rusé que généreux, toujours partagé entre la modestie de ses origines et la tentation vertigineuse du pouvoir. À ses côtés on découvre Abu, un petit sapajou chapardeur dont les maladresses attendrissantes cachent une loyauté sans faille. Mais c’est la rencontre avec Jasmine qui vient bouleverser son destin. Une princesse insoumise refusant le carcan d’un mariage arrangé. Elle incarne le souffle de liberté par le droit de vouloir choisir sa vie. De fil en aiguille, ce chemin conduit Aladdin dans les geôles d’Agrabah, puis entre les griffes d’un homme inquiétant et manipulateur, qui l’entraîne dans l’antre inquiétant de la Caverne aux Merveilles. C’est là, que l’aventure avec un grand " A " prend son essor, et qu'une énergie folle embrase le récit.


Cette énergie folle trouve son origine dans l’inoubliable Génie. Il incarne un feu d’artifice permanent d’humour et de fantaisie. Chacune de ses apparitions est une déflagration de bonheur, entres ses répliques hilarantes, ses détournements absurdes, ou encore ses pastiches improbables. Difficile de ne pas éclater de rire, tant son humour irrévérencieux repousse les limites. « Jafar, Jafar, s’il reste à la barre ça sera un vrai cauchemar ! » : cette simple réplique résume son art du burlesque. Un tourbillon verbal, mais aussi visuel, qui brise superbement le quatrième mur pour mieux multiplier les imitations et inonder l’écran de clins d’œil déjantés. « Règle numéro un : je ne peux assassiner personne. Beurk ! Laisse tomber. Règle numéro deux : je ne peux malheureusement pas obliger les gens à tomber amoureux. Mouak ! Petit canaillou va ! Règle numéro trois : désolé mais je ne ressuscite pas les morts. C’est un manque de savoir-vivre, je trouve ça dégoutant ! » Mais derrière la cascade de gags, Génie est bien plus qu’un acolyte, il est le cœur fantasque du récit, et insuffle une tendresse aussi inattendue que bienvenue. Il n’est pas seulement drôle, il est profondément attachant, et c’est ce qui en fait, aux côtés des antagonistes, l’un des personnages les plus mémorables à mes yeux. Car face à cette tempête de lumière se dresse une autre figure, mais celle-ci est sombre et diabolique, avec le vizir Jafar.


Faites place, au Prince Ali !
Quelle grâce, le Prince Ali !
Bande de veinards,
Dégagez le passage.
Et vous allez voir,
C' que vous allez voir.
Venez applaudir, acclamer la Superstar !
Fêtez ce grand jour,
Clochettes et tambours,
Venez adorer l'idole !
Prince Ali, Sa Seigneurie,
Ali Ababoua.

Jafar est un méchant anthologique qui incarne à lui seul la quintessence du grand vilain Disney. Sa silhouette longue et mince, son visage rigide au sourire vicieux, ses mains effilées et son regard perçant suffisent à imposer le malaise. Sa voix mielleuse et hypnotique insuffle une perfidie qui se déploie avec une lenteur venimeuse. Un manipulateur diabolique se délectant de ses stratagèmes pour atteindre son objectif final, devenir sultan. Pourtant, l’ombre dévorante d’Agrabah, ne serait pas aussi savoureux sans son complice, Iago. Un perroquet qui apporte une dose d’ironie hilarante avec ses pétages de plomb. Un râleur invétéré savoureusement sarcastique, burlesque à souhait. Il forme avec Jafar un duo inégalable. Avec son humour grinçant et son physique atypique, Iago répond parfaitement avec la gravité glaciale de son maître, créant un contraste aussi hilarant qu’efficace.

« - Ah, je commence à en avoir ras-le-bol, la prochaine qu’il m’étouffe en m’obligeant à avaler un de ces sales biscuits moisis et dégoûtants, tarda et paf !

- Calme-toi, Iago !

- Et puis, je lui ferai sa tête au carré !

- C’est moi qui deviendrai Sultan à la place de ce demeuré congénital !

- Et je lui ferai bouffer ces gâteaux pourris ! »

À eux trois, le Génie, Jafar et Iago forment le triptyque parfait. Un tremplin parfait pour Aladdin, qui peut évoluer à travers son histoire d'amour sans crainte de nous ennuyer.


Côté action, Aladdin est un véritable festin visuel. L’imagerie hyper soignée rend toute sa gloire aux acrobaties du héros, notamment lorsqu’il s’élance sur son compagnon le tapis volant. Ce personnage muet, mais doté d’une expressivité étonnante, devient l’allié idéal pour offrir des poursuites célestes d’une vivacité étourdissante. Le sommet de l'action survient lors du combat final contre Jafar. Devenu le plus grand sorcier de l’univers, il dégage un charisme glaçant et offre une confrontation mémorable. Sa métamorphose en immense cobra terrifiant marque l’un des moments les plus intenses du film. Un combat haletant, où Aladdin fait courageusement front. Et lorsque Jafar, emporté par sa soif de pouvoir, se change en génie maléfique, il atteint une dimension mythologique. Prisonnier de sa propre avidité, il incarne la démesure fatale du pouvoir, avant que la ruse d’Aladdin ne retourne son ambition contre lui. Une conclusion exemplaire, où l’intelligence triomphe de la force brute, rappelant qu’un simple mendiant affamé, peut un instant déplacer les étoiles. Tout converge vers une fin resplendissante, où l’amour et l’amitié triomphent. Le Génie est enfin libéré de ses chaînes, apportant un dénouement d'une émotion pure, et l’aventure s’achève dans une harmonie parfaite, sans jamais perdre son éclat magique.


À ce triomphe s’ajoute également la musique. L’immense Alan Menken, épaulé par les paroles de Howard Ashman et Tim Rice, offre une partition éblouissante. Véritable festival oriental, sa composition alterne entre délire festif grandiose, et accent plus sombre. Les chansons "Prince Ali", "Nuits D'Arabie", "Ce rêve bleu", ou encore "Je Suis Ton Meilleur Ami" ont traversé les décennies sans rien perdre de leur sublime, et résonnent encore en nous. Enfin, un mot d’or pour le doublage. En version originale, Robin Williams, livre une performance de légende en incarnant le Génie. Mais la version française n’est pas en reste, portée par le talent de Richard Darbois (Génie), Féodor Atkine (Jafar) et Éric Métayer (Iago), qui confèrent à leurs personnages un relief irrésistible. Un bel ensemble n’ayant rien à voir avec le hasard est à l’origine du succès du film Aladdin. La rigueur de la réalisation, l’inventivité du scénario, l’exceptionnelle qualité de l’animation et la puissance de la musique se conjuguent pour donner naissance à une œuvre d’une cohérence exemplaire. Chaque détail, de la construction des personnages à la fluidité des scènes d’action, sont pensé pour créer un spectacle parfait auquel je suis hautement sensible.



CONCLUSION :


Aladdin, réalisé par John Musker et Ron Clements, est une véritable pièce maîtresse de l’écurie Disney, s’imposant aussi bien par la richesse de son fond que par l’éclat de sa forme, le tout au service de personnages inoubliables. Un tout, qui continue encore aujourd’hui de rayonner comme un classique intemporel. Mais qu'est-ce que je raconte ? C'est simplement un véritable chef d'œuvre du genre.


« Sur une échelle de 1 à 10, tu vaux au moins 11. »



Je vais t'offrir un monde
Aux mille et une splendeurs
Dis-moi princesse
N'as-tu jamais laissé parler ton cœur ?
Je vais ouvrir tes yeux
Aux délices et aux merveilles
De ce voyage en plein ciel
Au pays du rêve bleu



B_Jérémy
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le 3 oct. 2025

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